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Le défi parisien du chocolatier Patrick Roger : "Être simple, c'est très compliqué"

Excellente nouvelle pour les Parisiens : le chocolatier de Sceaux, Patrick Roger, s'installe à Paris, au cœur du quartier latin.
Dans un périmètre hautement chocolaté

Il y a parfois de grands rêves qui finissent par se concrétiser. Rien qu'à observer la joie qui inonde Patrick Roger, grand garçon pudique, un rien timide, le visage réjouissant de Gaulois mangé par de longs cheveux, de longues mains d'esthète, le phrasé parfois hésitant, on comprend combien cet artisan surdoué est heureux d'avoir relevé un défi qui lui tenait à cœur : conquérir la capitale. C'est donc fait depuis décembre dans le quartier de l'Odéon.
Avec Pierre Hermé, la Maison du Chocolat, Cacao et Chocolat, Aoki et Pierre Marcolini, il rejoint un périmètre hautement chocolaté, entre rue Sèvres et boulevard Saint-Germain.

Chocolatier Audacieux et effronté

Car Patrick Roger s'est fait connaître dans la région parisienne, à Sceaux, donnant à cette ville au moins une bonne raison de s'y rendre. Ses bonbons de chocolat ont ému ses habitants. Pensez qu'en 2000, ce fringant jeune homme a reçu le titre de Meilleur Ouvrier de France des mains du Président de la République; une photo l'atteste dans son magasin. Cela, six ans après avoir remporté la Coupe du Monde de Pâtisserie. Fierté de ce fils de boulanger du Perche ayant obtenu ses galons au champ d'honneur d'une profession exigeante.
Pour aiguiser son talent, il a fait ses classes dans des maisons réputées pour leur sérieux comme Philipona en Suisse, Menard à Tours, Peltier ou Christian Constant à Paris.
"Mon métier m'a forgé au défi de la création, au plaisir d'une nouvelle recherche de l'extrême, confie-t-il. À travers lui, j'ai appris les exigences de l'effort, de la quête de la perfection, de l'harmonie des sens." Et quelle harmonie dans ses créations !

Chocolatier de tous les défis

Audacieux, effronté même, Patrick Roger s'est construit une notoriété un peu à part dans le milieu du chocolat. Il ne rivalise avec aucune des vedettes du métier, mais il reste résolument avant-gardiste comme pour prouver sans tapage que le chocolat est un produit sans cesse en mouvement, en gestation, en évolution.
Sa définition personnelle du luxe et de l'excellence, il nous la clame avec modestie : "Être simple. Mais être simple c'est très compliqué." Avant de renchérir : "Prenez l'exemple des restaurants en général : il est très difficile d'obtenir un verre d'eau qui ne soit pas froide, même quand on la réclame."
Un mot revient sans cesse dans sa conversation : défi. On le comprend quand on sait qu'il pratique assidument son sport préféré depuis vingt ans : "Je dois à la compétition à moto et aux nombreux défis relevés sur les circuits dès l'adolescence, ma motivation, cette petite étincelle entre émotion et perfection". Et ce goût du perfectible on le perçoit dans sa passion de construire, de modeler, de sculpter la matière du chocolat. De rares pièces limitées à l'image de son œuf de Pâques qui rappelle la noix de coco sans poils ou de cette corne de mammouth, sans parler de son magnifique arbre de Noël en deux format, dernière création quelques jours avant le 25 décembre, in extremis...

Une nouvelle boutique parisienne de 40 m2

Alors quoi de neuf à Paris, se diront les fidèles du chocolatier.
D'abord la boutique elle-même, 40 m2 de sobriété et d'élégance, dirigée par sa sœur. Un décor sobre qui réinvente le globe terrestre sous la forme d'un comptoir gourmand où chaque bonbon de chocolat est aligné l'un à côté de l'autre (des dizaines de références) et au garde à vous, invitation à la plus folle des initiations gustatives. Comme pour voyager au cœur des tentations chocolatées. Une véritable réussite. Mais attention, pas d'atelier de création derrière la boutique, tout vient de Sceaux.

Thé blanc, Harmonie, Mélodie...

Et puis les créations elles mêmes. Parlons-en : comment résister à l'unique et exceptionnel  "Macao", trois sortes d'origine de cacao au thé blanc de Chine (Pai Mu Tan) - l'un des thés les plus difficiles à marier en pâtisserie - fondant à souhait, d'une belle souplesse et d'un goût subtil, légèrement acidulé, d'un équilibre parfait. Que dire aussi de cette ganache au citron vert et au thé jasmin, ou encore de ses créations devenues des classiques : "Harmonie", caramel à la poire de curé confite au miel, "Mélodie", caramel et citron vert du Brésil.
Ses coffrets vert turquoise sont des écrins où dorment silencieusement ces quelques trésors enchanteurs.
Attention, laissez-vous tenter par la gamme des tablettes de crus d 'origine dont un 100 % de cacao. Et puis aussi découvrez ces grenouilles en pâte d'amande et autres petites confiseries, les fruits confits et les confitures maison.

L'exploration ne peut se faire en une seule fois. Le défi du client est alors de revenir encore pour sombrer davantage dans la "chocomania" de Patrick Roger.
Janvier 2005
Par Gilles BROCHARD
  • Patrick Roger à Paris
    108, Boulevard Saint-Germain - 75006 Paris
    Tél : 01 43 29 38 42

  • Patrick Roger à Sceaux
    47, rue Houdan - 92330 - Sceaux
    Tél : 01 47 02 30 17

    Ouvertures :
    Du mardi au samedi de 9 h 30 à 13 h et de 15 h 30 à 19 h 30.
    Dimanche de 9 h 30 à 13 h.

    Contact@patrickroger.com
    www.patrickroger.com