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Les Fiat Panda, Uno et Punto, la Seat Ibiza, les Renault 19 et 21, la Volkswagen Passat et surtout la Golf, ont toutes au moins un point en commun : Giorgietto Giugiaro, qui les a dessinées. En réalité, sa compagnie ItalDesign, dont il pose les bases dès 1967 avec Ital Styling, a offert au marché de l'automobile grand public plus de 200 voitures. Mais on retient surtout, parmi ses créations, ses spectaculaires concept cars. L'histoire de Giorgietto Giugiaro commence en Italie du Nord au siècle dernier lorsque son père, artiste, et son grand-père, qui peignait des fresques dans les chapelles, lui transmettent leur don. Tout jeune encore, le cœur de Giorgietto balance entre dessin technique et arts plastiques. Passionné par les voitures, c'est une rencontre avec Dante Giacosa, alors directeur technique de Fiat, en 1955, qui décidera de son avenir. A partir de simples esquisses, l'œil exercé de Giacosa repère immédiatement le talent prometteur du jeune homme. De départements de style en studios indépendants, Giugiaro mènera dès lors une carrière féconde, œuvrant derrière les logos de Maserati, BMW, Chevrolet, Aston Martin, Mazda, Lotus... Jusqu'à ce qu'il crée sa propre compagnie, son propre "nom".

Ses premières collaborations avec Alfa Romeo remontent à peu près à cette époque, avec la Sprint en 1960, et surtout la Giulia GT en 1963. Suivront, dans les années soixante-dix, les Alfasud et Alfetta. Et puis silence radio entre les deux maisons pendant trente ans...
En 2002, récemment élu Designer automobile du XXe siècle, Giugiaro renoue avec Alfa Romeo, et présente au Salon de Genève un concept car nommé Brera. Le fil directeur ? Reprendre les codes traditionnels de la marque et les exacerber. Sur la face avant par exemple la calandre, d'ordinaire très basse, et la comète située au dessus du logo, sont encore rallongées. Sur le capot des arêtes saillantes surmontent trois phares séparés, qui lui confèrent un aspect racé, "comme doit l'être une Italienne", dit-on à Milan. Caractéristique du style Giugiaro, l'élégance du toit en verre opaque contraste avec l'animalité de la partie arrière.

Parmi la foule des concept cars présentés chaque année sur les salons, peu ont une chance d'être un jour industrialisés. Mais l'enthousiasme des journalistes spécialisés et la pression du public ont poussé les dirigeants d'Alfa Romeo à réfléchir sérieusement à la question. Et quatre ans plus tard, la Brera est lancée sur le marché ! L'engouement du public pour Alfa Romeo depuis quelques années (précisément depuis les modèles 156 et 147) est tel que soixante-dix pour cent des acheteurs se tournent vers la marque pour des raisons esthétiques, contre quarante, en moyenne, sur l'ensemble du marché automobile !
Au Salon de Genève 2006, le dernier coupé Alfa vient de recevoir le prix de "Plus belle voiture de l'année", une double récompense attribuée à la marque et à Giugiaro, deux acteurs décidemment invulnérables du style italien qui devient, pour le coup, universel.



                                                                                                                  

                                                                                                                   Cet article est paru
                                                                                                                     dans Dandy n°11