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Qu’est-ce qui vous a poussé à ouvrir cette Galerie ?

L’ouverture de l’espace s’est fait naturellement, c’était avant tout un souhait de partager avec le public genevois. Le lieu fut inauguré en 2007 en plein cœur de Genève dans le quartier historique. A notre arrivée, la rue Etienne Dumont ne comprenait aucune galerie, alors qu’aujourd’hui nous trouvons de nombreux espaces dédiés à l’art. La galerie est donc composée d’une surface de 500 m² aux murs en pierres naturelles, au plafond en bois et au parquet qui donnent une ambiance intimiste qui ne fait que valoriser les œuvres d’art qu’elle présente. Spécialisée dès son ouverture dans l’art européen et russe de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, elle propose des grandes expositions d’art moderne pour ne citer que quelques exemples : " Dialogue en couleur à l’aube du XXe siècle » (2007)", « Paysage et natures mortes fin XIXe, début XXe siècle » (2007-2008), " Regards croisés sur les Avant gardes russe et allemande : Valet de Carreau, der Blaue Reiter, die Brücke " (2008 – 2009), « Rétrospective Serge Charchoune . Un jour, un grand peintre russe portera mon nom » (2009-2010), « Pointillisme » (2010-2011), « Rétrospective Friedrich Karl Gotsch, la seconde génération expressionniste» (2011-2012), «Rétrospective Gérard Schneider, l’abstraction lyrique comme ascèse» (2012-2013) incluant les chefs-d’œuvre du fauvisme avec Jawlensky, Matisse, Vlaminck ainsi que tous les –ismes du XXème siècle, des œuvres des avant-gardes allemandes et russes − Goncharova, Kandinsky, Kirchner – les maîtres de la peinture moderne Chagall, Picasso etc.
Depuis 2013, nous avons intégré à notre programme d’expositions ainsi qu’à nos domaines de spécialisations − l’art contemporain.

Quels sont vos peintres favoris ?

Chaque période produit de merveilleux artistes. Dans la renaissance italienne et nordique, j’ai été captivée par Fra Filippo Lippi, Botticelli, Roger van der Weyden par exemple. Dans le domaine de la gravure, l’artiste allemand Albrecht Dürer (1471 – 1528) m’a marqué par sa richesse symbolique et sa qualité exceptionnelle. Alors que dans l’art russe, l’artiste Isaac Levitan (1860 – 1900) connu par ses paysages lyriques m’a séduite.

Quels artistes rêveriez-vous d’exposer ?

Chaque fois que je découvre un grand maître de l’art moderne que j’ignorais, je suis troublée, confuse et en même temps heureuse de pouvoir le promouvoir et de le faire redécouvrir au public par le biais d’une exposition et d’un catalogue hautement documenté. Ce fut le cas pour Serge Charchoune et Friedrich Karl Gotsch dont nos rétrospectives ont suscité l’intérêt des musées qui ont par la suite consacré des expositions à ces artistes.

Serge Charchoune, Symphonie fantastique, 1949, huile sur toile, 97 x 130 cm / © Galerie Artvera's

Quels liens tissez-vous avec les artistes qui exposent à Artvera’s ? Comment les choisissez-vous ? Intervenez-vous dans leur processus de création ?

Avec les artistes contemporains j’entretiens des relations amicales c’est le cas avec l’artiste monégasque Danièle Akmen et l’artiste Suisse Jean-Luc Sollberger.

Pour la sélection je tiens compte de la qualité des œuvres, de l’originalité de ses compositions, du parcours de l’artiste, mais aussi des critères esthétiques de nos collectionneurs.

A vrai dire, je n’ai jamais osé intervenir dans le processus de création, pour influencer l’artiste il faudrait devenir sa femme ! Je préfère laisser aux artistes la possibilité de s’exprimer librement.

Exposition de Danièle Akmen à la galerie Artvera’s / © Galerie Artvera's

Qui fixe le prix d’une œuvre ?

Le marché de l’art fixe les prix de façon indéniable : les maisons de ventes aux enchères, les galeristes. Les prix sont fixés en tenant compte des tendances, de l’intérêt des collectionneurs, de la notoriété de l’artiste, rareté des œuvres, sujets, virtuosité technique, des expositions muséales etc. … Le prix n’est jamais déterminé au cm2. De façon générale, les huiles sont plus chères que les œuvres sur papier, mais il y a toujours des exceptions à la règle quand on pense aux pastels de Degas. Il n’y a pas un mode d’emploi.

D’une manière générale, qui sont les visiteurs et les acheteurs de votre Galerie ? Avez-vous déjà eu des surprises ?

Les visiteurs sont avant tout genevois, mais pas exclusivement. Etant au cœur de la vieille ville nous bénéficions aussi d’une clientèle internationale.

Nous avons souvent eu des visiteurs de marque comme les héritiers des artistes Manguin ou Jawlensly, des personnalités de la scène cosmopolite Massimo Gargia et plus récemment l’actrice française Juliette Binoche qui a participé à notre cocktail de Noël le 9 décembre 2015.

Exposition de Henk Helmantel à la Galerie Artvera’s / © Nina Mikryukovaw

Quelles sont les difficultés que rencontre le marché de l’art à ce jour ?

Le marché de l’art est semé de faux tableaux, il faut une prudence maximale lors des achats. Notre grande attention portée sur les provenances, l’étude des œuvres nous a mené à déceler le plus grand faussaire du XXIème siècle - Wolfgang Beltracchi.

En quelques mots, l’œuvre de Campendonk - "Rote Bild mit Pferden“ censée dater de 1914 a permis de démarrer l‘enquête. L’œuvre était belle et bien mentionnée dans le catalogue raisonné de l’artiste, mais l’image était manquante. Ce qui fut une aubaine pour le faussaire qui se précipita pour créer cette composition de toute pièce, en inventant une provenance. L’usage du blanc de titane fut l’erreur fatale de Beltracchi, car ce pigment ne fut créé qu’en 1920, anachronisme total. Grâce à cette découverte, toute une série de faux tableaux réalisés par ses soins furent repérés.

Campendonk, Rote Bild mit Pferde, 1914, huile sur toile, 52 x 100.3 cm © Galerie Artvera's