Portraits


Bernard Arnault : Un génie créatif et financier

L'évènement de la rentrée est sans conteste, la réouverture, après 3 ans de travaux, du magasin Louis Vuitton, la grande cathédrale du luxe. Au 101 avenue des Champs-Élysées à Paris, la Maison Vuitton, (7 étages) est conçue comme une promenade et rend hommage à l'importance culturelle et historique de l'avenue.

Ce magasin exceptionnel dessiné par Peter Marino et Eric Carlson est à l'image de l'extraordinaire créativité de cette marque, où l'art trouve une place de choix, comme devait le souligner Bernard Arnault lors de la grande soirée d'inauguration.
Ce concept innovant, basé sur une stratégie d'intégration progressive, rassemble en un même lieu tous les produits de la marque. Il s'inscrit dans la lignée des deux premiers magasins de ce type ouverts par Louis Vuitton en 2002 dans le quartier d'Omotesando à Tokyo et en 2004 à New York, au croisement de la 57ème rue et de la Cinquième avenue.
A la tête de LVMH, Bernard Arnault, est le P.D.G du plus grand groupe de luxe au monde. Un groupe français qui rassemble déjà des marques prestigieuses dans son activité de mode (Dior, Fendi, Pucci, Kenzo...) dont Louis Vuitton fait partie et qui comporte également une branche de vins et spiritueux (Moët & Chandon, Hennessy, Dom Pérignon, Veuve Clicquot, Krug...)
Homme du nord, polytechnicien, considéré comme un as de la finance, Bernard Arnault est aussi l'une des plus grandes fortunes de France. Derrière son apparence de froideur et de rigueur, la passion domine. Car ce capitaine d'industrie est aussi un pianiste émérite et un grand amateur d'art. Sa réussite exceptionnelle s'explique par ses capacités à avoir su , au sein de son groupe, équilibrer avec finesse, la gestion, l'innovation et le marketing.
Rencontre.


Comment expliquez-vous la success story de Louis Vuitton depuis sa création ?

Les raisons du succès de Louis Vuitton tiennent en quelques mots. Tout d'abord une stratégie unique, avec une qualité unique, associées à une fabrication maison, contrôlée de A à Z, dans nos ateliers. Ensuite une distribution totalement maîtrisée par la marque Louis Vuitton, une politique qui consiste à ne jamais pratiquer de soldes et enfin des produits Louis Vuitton durables et qualificatifs . Sans oublier un mariage entre le respect des valeurs et de l'innovation associé à la créativité.



Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à choisir le styliste Marc Jacobs ?


Lorsque nous avons rencontré Marc Jacobs en 1997, nous lui avons clairement exprimé ce que nous attendions de lui. Très rapidement, il nous a présenté une série de dessins qui montraient une totale adéquation avec l'univers Louis Vuitton et introduisaient une modernité dans la collection.
Depuis, grâce à ce créateur de génie, la marque a élargi son champ d'expertises au prêt-à-porter féminin et masculin, aux souliers, aux montres et à la joaillerie, adjoignant à son savoir-faire artisanal, l'intuition et l'innovation pour offrir un art de vivre complet.
Pour moi, Marc Jacobs est un créateur dans l'esprit Vuitton, réellement talentueux. 

On parle beaucoup de mondialisation, de lutte contre les produits venant de pays à faibles coûts de production, qu'en pensez-vous ?


La mondialisation est un phénomène inévitable.
Même s'il est important sur l'échiquier mondial, notre pays ne peut pas lutter seul contre un tel phénomène. D'autres moyens existent et Louis Vuitton en est l'illustration parfaite.
Au lieu de craindre en permanence les effets parfois néfastes de cette mondialisation, les qualités du génie français doivent permettre de s'adapter à celle-ci et de fabriquer ses produits en France.
Louis Vuitton est l'une des rares entreprises françaises qui embauche du personnel artisanal et ouvrier dans ses ateliers français. Et nous en sommes fiers. Parce que nous assurons nous-mêmes la formation de ce personnel, les délais de fabrication sont évidemment parfois assez longs. Cela se ressent notamment pour la montée en puissance de certains nouveaux produits.
Mais nous tenons à notre méthode de production. Nous fabriquons en France, nous exportons nos produits français à l'étranger, notamment en Chine où nous allons prochainement ouvrir une maison Vuitton à Pékin.
C'est la preuve qu'il est possible de lutter contre les conséquences de ce phénomène de mondialisation, de s'y adapter et même d'en bénéficier.
L'ouverture de la maison Louis Vuitton sur les Champs-Élysées, représente le symbole de la réussite de la France, de la transmission dans le monde du savoir-vivre français et de la qualité du travail fait en France.
Le développement de l'industrie française passe par des innovations de ce type.

Comment voyez-vous l'avenir du marché du luxe ?

Ma vision du luxe est relativement optimiste, car je suis persuadé qu'avec le temps, les vraies maisons de luxe seront de moins en moins nombreuses.
Si nous prenons le cas de la maison Louis Vuitton, les concurrents vont se raréfier et elle deviendra de plus en plus unique.
IL n'y a pas d'entreprise dans le monde, à ce jour qui fabrique tous ses produits dans ses ateliers, et les vend dans des espaces commerciaux contrôlés.
Les clients dans le monde sont de mieux en mieux informés, ils connaissent les marques et sont conscients de la légitimité de la griffe Vuitton.
Lorsqu'ils veulent des produits Vuitton, c'est non seulement la création de Marc Jacobs, ou l'innovation qu'ils achètent, ce sont aussi les "gènes" Vuitton. Toute cette légitimité explique ma confiance dans la marque qui est l'une des seules à bénéficier d'un tel crédit auprès de la clientèle internationale.

Octobre 2005
Par Katya PELLEGRINO