Malaisie : Bienvenue chez les baba nyonya à Malacca ! (4 ème partie)
Dernière étape de notre périple malaisien : " Bienvenue chez les Baba Nyonya "; C'est avec ces mots que nous accueille Serge Jardin, écrivain et grand connaisseur devant l'éternel de la Malaisie et plus particulièrement de sa ville d'adoption, Malacca. Celle-ci tirée du nom d'un arbre, signifiant " aigre " fut l’un des plus grands ports de l'Asie du sud-est, véritable plaque tournante du commerce maritime de l'époque. Pour la dernière partie de son périple, Luxe Magazine vous emmène dans une " ville héritage " attribuée par l'Unesco en 2008. Focus.
Bienvenue à Malacca
Les "Baba Nyonya", un état d'esprit
Malacca est aussi le berceau de la culture Baba Nyonya. Ce nom fut donné aux descendants de chinois nés en Chine, établis à Penang ou Malacca. Ils avaient épousé des femmes malaises au fil des époques et plus particulièrement au XIX et XXeme siècles. Connus aussi sous le nom de Peranakan Cina (gens nés ici), ils sont un exemple de métissage de tradition réussie. Les femmes portent le nom de "nyonya " (issu du portugais " dohnafemme ") et les hommes de " baba " (père en chinois). Ils parlent un dialecte malais/chinois et pour s'intégrer, ont adopté certaines coutumes locales.
Temple chinois
Déjà au XVeme siècle,les premiers marchands chinois qui s'y installent, se marient à des femmes locales et fondent de ce fait deux familles (celle qu'ils ont laissé en Chine et celle de Malacca ). Comme nous l'explique très clairement Serge Jardin, ces chinois nés de la mixité des mariages chinois/malais, ont clairement créé leur identité propre, ayant assimilé les différents modes de vie des colonisateurs (portugais, hollandais et britanniques), l'ont enrichie de leur propre tradition et croyance religieuse, donnant ainsi naissance à une histoire et à une culture nouvelle et originale, celle des Baba Nyonya. On retrouve d'ailleurs cette richesse et cette mixité dans leur cuisine, la décoration de leur intérieur, de leur porcelaine colorée, bijoux, et de leur ameublement.
Boutique chinoise
Un esprit colonial contemporain
Le Majestic Hôtel de Malacca
Le Majestic Hôtel de Malacca, subtil mélange de luxe, de tradition et d’authenticité, affiche avec élégance ses 95 ans (1920) et une atmosphère fin de siècle qui défie les rides du quotidien en distillant au gré des heures une douce nostalgie. Le style Art-Déco et colonial prédomine dans le lobby, où meubles en teck, canapés habillés de soie safran font écho aux lampes chinoises suspensions rococo et sol en damier.
Une salle de bain
Cette ancienne maison chinoise historique affiche sans fausse modestie ses racines coloniales et ce métissage si particulier aux influences portugaises, hollandaises et chinoises du Peranakan.
Le lobby de l'hôtel
Après une traversée de quelques heures en voiture, nous apprécions avec plaisir l'ambiance sereine et presque nostalgique du lieu. Sans tambour ni trompette, nous investissons les lieux et surtout notre chambre.
Des chambres, un lieu préservé
Notre Chambre
Dans les chambres, on retrouve la même ambiance coloniale, en osmose avec l'histoire de l'établissement. Parquets huilés aux reflets châtaigne, lits à baldaquin décorés de soierie et de cotonnade, coussins en soie et voilages en taffetas ivoire donnent la note. Même la baignoire ancienne juchée sur ses pattes de lion, s'exhibe sans pudeur dans le salon. Tout ici respire un lieu de vie préservé, un autre chez soi, sans chichi et en toute simplicité. Vite se changer pour profiter encore de la douceur du jour et pourquoi pas un plongeon salvateur dans la petite piscine qui semble vouloir capter la course de quelques nuages fuyant au loin.
La petite piscine
Enfin un massage au Spa Village viendra à bout de notre fatigue. L’environnement architectural du spa lui-même, depuis la ciselure traditionnelle du bois aux carreaux de porcelaine finement détaillés, sans oublier les matelas chinois traditionnels, reprend les codes de l'héritage des influences coloniales et ses soins reflètent encore une fois de métissage, proposant des cures basées sur les traditions baba nyonya.
Le Spa Village
Le marché de Jonker Walk
Jonker Street de nuit
A la nuit tombée, après quelques pas dans la douceur du crépuscule, comme c'est vendredi soir nous allons au marché nocturne de Jonker Walk, dans le célèbre quartier chinois. Un marché coloré et très bon enfant où bien entendu nous retrouvons les étals de produits chinois en tout genre, du gadget électronique bon marché, au sac simili cuir estampillé d'un nom d'une grande marque.
Le marché de nuit
Pour s'imprégner de l'ambiance si particulière de ce lieu, Serge nous emmène diner dans une petite gargote qui ne paye pas de mine, tenue par une famille dont seul le fils parle anglais, ce qui nous sauve. Ici nous dégusterons des plats locaux, le fameux « laksa nonya » et surtout un cochon de lait grillé avec sa peau. Délicieux ! Ces petites échoppes sont pléthores à Malacca, car il n'y a pas de restaurant comme en Europe. Cuisine de rue savoureuse, mais il faut les connaître pour s'y aventurer. Ce qui est le cas de notre " guide culturel " Serge Jardin.
Un cochon de lait grillé
Un restaurant de rue
Le musée du Patrimoine Baba Nyonya
L'entrée du Musée Baba Nyonya
Le lendemain, nos pas avec Serge Jardin - véritable encyclopédie vivante et amoureux de sa ville où il a élu domicile depuis plus de 12 ans maintenant -, nous entraînent au célèbre musée du Patrimoine Baba Nyonya, authentique témoignage de cette période faste.
La Maison de l'Escargot de Serge Jardin
Chambres à louer chez Serge Jardin
Lui-même marié à une locale chinoise se sent néo baba ! Ce musée est situé au cœur de Chinatown, dans la rue autrefois appelée " Heeren," en référence aux riches commerçants chinois. Elle fut rebaptisée " allée des Millionnaires " avec le boom du caoutchouc et enfin " Jalan Tun Tan Cheng Lock ".
La rue des Millionnaires
Le musée : une résidence Peranankan
Le musée Baba Nyontya
Le musée reproduit, avec élégance l’intérieur d’une résidence Peranakan traditionnelle du 19ème siècle. En effet, les Baba Nyonya, en marchands fortunés, aimaient parer leur demeure de beau mobilier et de dorures. On peut admirer sur place de somptueux meubles faits de teck et de nacre, des bijoux rares ou encore des soieries typiques. Il reste encore quelque 200 maisons de style "baba", ces shophouses, qui servaient aussi bien d'entrepôt, de logement et de boutique. Une vingtaine sont encore habitées et le reste reconverti en boutique, restaurants ou encore maison pour nids d'oiseaux (les nids sont très prisés en Chine dans la restauration ou la cosmétique) !
Un quartier classé au patrimoine mondial de l'Unesco
La Place rouge
C'est en partie pour ce quartier chinois que Malacca a été classé au patrimoine mondial de l'Unesco en 2008. Puis nous ferons la visite à pied de la ville, en passant par la Place Rouge, (les bâtiments sont colorés en rouge) une petite place pleine de charme où des rickshaws kitchissimes (cyclo pousses) attendent le client.
Des rickshaws sur la Place Rouge
Vue du pont sur la rive de la Place rouge
Et bien entendu, la curiosité nous amènera à voir l'église catholique, le temple bouddhique et la mosquée, qui sont les plus anciens du pays et la preuve d'une grande tolérance ! A méditer dans notre monde actuel !
Maison particulière
Voyage des saveurs dans un autre monde at the Mansion
The Mansion
Le soir venu, rompus mais heureux de notre journée découverte avec Serge Jardin qui est passionnant, nous sommes ravis de pouvoir dîner à l'hôtel et découvrir le restaurant The Mansion qui évoque un monde révolu. Sa salle à manger, deux petites salles qui se font face, est dotée de magnifiques fenêtres coloniales qui donnent sur la rivière Malacca. Avec délice et malice, The Mansion a chahuté et associé les influences malaises et coloniales. Une décoration subtile, murs safran, lumières tamisées, fauteuils de style anglais, parquet en acajou, un mélange de traditions et d'authenticité qui nous fait voyager dans le temps.
Le bar
Le charme provient aussi des tableaux d'époque, assiettes murales ou décoration en porcelaine chinoise qui se mettent mutuellement en valeur. Mais surtout, le voyage est aussi dans l'assiette grâce aux délicieuses recettes issues de ce métissage culturel ! Nous hésiterons longuement entre le poulet aux herbes et sa soupe au gingembre, le curry de maquereau à la noix de coco ou encore le poulet Pongteh ! Finalement nous dégusterons un menu de spécialités, un véritable festival gustatif dont nos papilles se souviennent encore avec plaisir !
Bon appétit !
Pour un moment, le temps est en suspens, loin des fracas urbains. Demain sera un autre jour !
Les "Baba Nyonya", un état d'esprit
Malacca est aussi le berceau de la culture Baba Nyonya. Ce nom fut donné aux descendants de chinois nés en Chine, établis à Penang ou Malacca. Ils avaient épousé des femmes malaises au fil des époques et plus particulièrement au XIX et XXeme siècles. Connus aussi sous le nom de Peranakan Cina (gens nés ici), ils sont un exemple de métissage de tradition réussie. Les femmes portent le nom de "nyonya " (issu du portugais " dohnafemme ") et les hommes de " baba " (père en chinois). Ils parlent un dialecte malais/chinois et pour s'intégrer, ont adopté certaines coutumes locales.
Temple chinois
Déjà au XVeme siècle,les premiers marchands chinois qui s'y installent, se marient à des femmes locales et fondent de ce fait deux familles (celle qu'ils ont laissé en Chine et celle de Malacca ). Comme nous l'explique très clairement Serge Jardin, ces chinois nés de la mixité des mariages chinois/malais, ont clairement créé leur identité propre, ayant assimilé les différents modes de vie des colonisateurs (portugais, hollandais et britanniques), l'ont enrichie de leur propre tradition et croyance religieuse, donnant ainsi naissance à une histoire et à une culture nouvelle et originale, celle des Baba Nyonya. On retrouve d'ailleurs cette richesse et cette mixité dans leur cuisine, la décoration de leur intérieur, de leur porcelaine colorée, bijoux, et de leur ameublement.
Boutique chinoise
Un esprit colonial contemporain
Le Majestic Hôtel de Malacca
Le Majestic Hôtel de Malacca, subtil mélange de luxe, de tradition et d’authenticité, affiche avec élégance ses 95 ans (1920) et une atmosphère fin de siècle qui défie les rides du quotidien en distillant au gré des heures une douce nostalgie. Le style Art-Déco et colonial prédomine dans le lobby, où meubles en teck, canapés habillés de soie safran font écho aux lampes chinoises suspensions rococo et sol en damier.
Une salle de bain
Cette ancienne maison chinoise historique affiche sans fausse modestie ses racines coloniales et ce métissage si particulier aux influences portugaises, hollandaises et chinoises du Peranakan.
Le lobby de l'hôtel
Après une traversée de quelques heures en voiture, nous apprécions avec plaisir l'ambiance sereine et presque nostalgique du lieu. Sans tambour ni trompette, nous investissons les lieux et surtout notre chambre.
Des chambres, un lieu préservé
Notre Chambre
Dans les chambres, on retrouve la même ambiance coloniale, en osmose avec l'histoire de l'établissement. Parquets huilés aux reflets châtaigne, lits à baldaquin décorés de soierie et de cotonnade, coussins en soie et voilages en taffetas ivoire donnent la note. Même la baignoire ancienne juchée sur ses pattes de lion, s'exhibe sans pudeur dans le salon. Tout ici respire un lieu de vie préservé, un autre chez soi, sans chichi et en toute simplicité. Vite se changer pour profiter encore de la douceur du jour et pourquoi pas un plongeon salvateur dans la petite piscine qui semble vouloir capter la course de quelques nuages fuyant au loin.
La petite piscine
Enfin un massage au Spa Village viendra à bout de notre fatigue. L’environnement architectural du spa lui-même, depuis la ciselure traditionnelle du bois aux carreaux de porcelaine finement détaillés, sans oublier les matelas chinois traditionnels, reprend les codes de l'héritage des influences coloniales et ses soins reflètent encore une fois de métissage, proposant des cures basées sur les traditions baba nyonya.
Le Spa Village
Le marché de Jonker Walk
Jonker Street de nuit
A la nuit tombée, après quelques pas dans la douceur du crépuscule, comme c'est vendredi soir nous allons au marché nocturne de Jonker Walk, dans le célèbre quartier chinois. Un marché coloré et très bon enfant où bien entendu nous retrouvons les étals de produits chinois en tout genre, du gadget électronique bon marché, au sac simili cuir estampillé d'un nom d'une grande marque.
Le marché de nuit
Pour s'imprégner de l'ambiance si particulière de ce lieu, Serge nous emmène diner dans une petite gargote qui ne paye pas de mine, tenue par une famille dont seul le fils parle anglais, ce qui nous sauve. Ici nous dégusterons des plats locaux, le fameux « laksa nonya » et surtout un cochon de lait grillé avec sa peau. Délicieux ! Ces petites échoppes sont pléthores à Malacca, car il n'y a pas de restaurant comme en Europe. Cuisine de rue savoureuse, mais il faut les connaître pour s'y aventurer. Ce qui est le cas de notre " guide culturel " Serge Jardin.
Un cochon de lait grillé
Un restaurant de rue
Le musée du Patrimoine Baba Nyonya
L'entrée du Musée Baba Nyonya
Le lendemain, nos pas avec Serge Jardin - véritable encyclopédie vivante et amoureux de sa ville où il a élu domicile depuis plus de 12 ans maintenant -, nous entraînent au célèbre musée du Patrimoine Baba Nyonya, authentique témoignage de cette période faste.
La Maison de l'Escargot de Serge Jardin
Chambres à louer chez Serge Jardin
Lui-même marié à une locale chinoise se sent néo baba ! Ce musée est situé au cœur de Chinatown, dans la rue autrefois appelée " Heeren," en référence aux riches commerçants chinois. Elle fut rebaptisée " allée des Millionnaires " avec le boom du caoutchouc et enfin " Jalan Tun Tan Cheng Lock ".
La rue des Millionnaires
Le musée : une résidence Peranankan
Le musée Baba Nyontya
Le musée reproduit, avec élégance l’intérieur d’une résidence Peranakan traditionnelle du 19ème siècle. En effet, les Baba Nyonya, en marchands fortunés, aimaient parer leur demeure de beau mobilier et de dorures. On peut admirer sur place de somptueux meubles faits de teck et de nacre, des bijoux rares ou encore des soieries typiques. Il reste encore quelque 200 maisons de style "baba", ces shophouses, qui servaient aussi bien d'entrepôt, de logement et de boutique. Une vingtaine sont encore habitées et le reste reconverti en boutique, restaurants ou encore maison pour nids d'oiseaux (les nids sont très prisés en Chine dans la restauration ou la cosmétique) !
Un quartier classé au patrimoine mondial de l'Unesco
La Place rouge
C'est en partie pour ce quartier chinois que Malacca a été classé au patrimoine mondial de l'Unesco en 2008. Puis nous ferons la visite à pied de la ville, en passant par la Place Rouge, (les bâtiments sont colorés en rouge) une petite place pleine de charme où des rickshaws kitchissimes (cyclo pousses) attendent le client.
Des rickshaws sur la Place Rouge
Vue du pont sur la rive de la Place rouge
Et bien entendu, la curiosité nous amènera à voir l'église catholique, le temple bouddhique et la mosquée, qui sont les plus anciens du pays et la preuve d'une grande tolérance ! A méditer dans notre monde actuel !
Maison particulière
Voyage des saveurs dans un autre monde at the Mansion
The Mansion
Le soir venu, rompus mais heureux de notre journée découverte avec Serge Jardin qui est passionnant, nous sommes ravis de pouvoir dîner à l'hôtel et découvrir le restaurant The Mansion qui évoque un monde révolu. Sa salle à manger, deux petites salles qui se font face, est dotée de magnifiques fenêtres coloniales qui donnent sur la rivière Malacca. Avec délice et malice, The Mansion a chahuté et associé les influences malaises et coloniales. Une décoration subtile, murs safran, lumières tamisées, fauteuils de style anglais, parquet en acajou, un mélange de traditions et d'authenticité qui nous fait voyager dans le temps.
Le bar
Le charme provient aussi des tableaux d'époque, assiettes murales ou décoration en porcelaine chinoise qui se mettent mutuellement en valeur. Mais surtout, le voyage est aussi dans l'assiette grâce aux délicieuses recettes issues de ce métissage culturel ! Nous hésiterons longuement entre le poulet aux herbes et sa soupe au gingembre, le curry de maquereau à la noix de coco ou encore le poulet Pongteh ! Finalement nous dégusterons un menu de spécialités, un véritable festival gustatif dont nos papilles se souviennent encore avec plaisir !
Bon appétit !
Pour un moment, le temps est en suspens, loin des fracas urbains. Demain sera un autre jour !
Septembre 2015
Par Katya PELLEGRINO