Portraits


Le luxe selon Alain Ducasse

Alain Ducasse ne se laisse pas enfermer dans un rôle : grand Chef étoilé, dirigeant hyper-dynamique, auteur, designer, etc. Il se définit plutôt comme un "créateur" curieux de tout et en perpétuelle recherche de nouveaux goûts ou d'athmosphères. Il n'est donc guère étonnant que pour cet artiste le luxe s'apparente à la la magie...
Quelle est la définition du luxe dans votre domaine ?

C'est tout ce qui ne se voit pas : c'est un plat avec une parfaite cuisson, un vin que l'on déguste à la parfaite température, le rire de ses hôtes, le feu de cheminée, une atmosphère ou une harmonie de douceur.
En un mot, le luxe c'est apporter la magie, savant cocktail d'impalpable, de ce que l'on ne voit pas. Pour y arriver, c'est beaucoup de travail !

Quelles sont vos passions ?

Satisfaire ma curiosité de tout. C'est créer, car beaucoup de choses m'intéressent.
J'essaye d'influencer mes collaborateurs à la même curiosité, à la même perméabilité, afin de les initier à une perception différente.
Mes trois passions : la cuisine, les voyages et l'architecture.
Aujourd'hui, j'ai la chance de pouvoir exercer les trois.

Qu'est-ce que le luxe pour vous ?

Le vrai luxe, c'est de pouvoir faire ce que l'on a envie, ou faire des choses différentes. Ce métier me permet de rencontrer des personnalités extraordinaires, ce qui est également un luxe, car notre profession intéresse les médias.
Curieux de tout, j'essaye, je goûte, je hume, je teste, je regarde. Pour moi, c'est un luxe d'initier des tendances, de donner l'impulsion et de canaliser l'ensemble.

Quel est le comble du luxe ?

De pouvoir créer et matérialiser ce que j'ai imaginé, dans un délai très court. C'est une forme de défi, un plaisir et une excitation intenses.

Quel est le luxe dont vous ne sauriez vous passer ?

Mon luxe c'est de découvrir. Ma curiosité doit toujours être satisfaite, je ne pourrais pas m'en passer.
Par exemple, j'espère bien à mon prochain séjour à New York, découvrir un endroit qui m'étonne, des femmes ou des hommes intéressants. Comme je suis indulgent par nature, je recherche toujours le talent et non le défaut à tout ce qui m'entoure. Le monde doit nous enrichir, il suffit de savoir poser le regard et de comprendre. C'est ma perméabilité qui me permet d'être créatif. Car la concurrence est partout, le savoir-faire partagé de tous. Le métier est en pleine mutation, il faut aller de l'avant. C'est le message que j'essaye de faire passer à mes collaborateurs.
Décembre 2004
Par Katya PELLEGRINO