Portraits


Jean-Claude Hagège, chirurgien plasticien et esthéticien de haute couture !

Un regard pétillant qui pointe derrière des lunettes, une silhouette sportive et entretenue, une grande écoute et un jugement sûr mais humain, Jean-Claude Hagège, chirurgien plasticien et esthéticien de renom, est le garant d’une nouvelle beauté. Un concept qu’il a redéfini, intitulé « SMIG » Beauté, passant par nos expressions et nos émotions. Chirurgien passionné par son métier qu’il exerce depuis de nombreuses années, Jean-Claude Hagège porte un œil toujours neuf sur ses patientes pour déceler leurs besoins réels. A ses yeux, la beauté de la femme passe par une meilleure connaissance d’elle-même, et une affirmation de sa personnalité. Surtout, il nous déculpabilise de notre envie de ralentir le temps et de retrouver une certaine fraîcheur. Pour Luxe-Magazine, il a accepté de se livrer en nous parlant de ses nouveaux livres et d’aborder cette nouvelle « beauté. »

Qu’est ce qui vous a poussé à devenir chirurgien plasticien ?

La passion ! J’ai adoré faire médecine par conviction. Au départ, je souhaitais m’occuper de malades, puis le coup de foudre pour la chirurgie esthétique m’a fait bifurquer vers ce domaine. L’envie de venir en aide aux personnes demeurait, mais là je touchais non seulement au physique mais également au psychisme et à la manière dont les patients pouvaient s’intégrer dans la société. D’emblée j’ai su que mon domaine de prédilection serait le visage.
J’ai toujours été intéressé par la force expressive qu’avait un visage et les multiples nuances de nosexpressions, bien au-delà du physique, de sa morphologie. De plus, c’est une spécialité en constante évolution. On ne s’y ennuie jamais, car au-delà de la rigueur chirurgicale, dans chaque intervention, il y a une part de création, de sensibilité, en accord avec chaque visage ou plutôt chaque personnalité, oui, un vrai travailde haute couture.

Chirurgien plasticien et esthéticien, membre de la société française et internationale de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique , vous avez à ce titre, un regard vrai sur les femmes, décelant leurs faiblesses ou leur fragilité. Quel message souhaitez-vous faire passer aux femmes, aujourd'hui où l’apparence devient un « impératif » ?

Je souhaite dire aux femmes, ne soyez pas dupes de l’image que les couvertures de magazines transmettent. Visages figés, anatomie certes parfaite mais souvent sans expression, ces visages ne reflètent pas la vraie beauté, celle de nos sentiments et de nos expressions, la seule beauté qui attire. La vraie beauté est singulière, réfléchit votre personnalité et vos émotions. Etre belle n’a rien à voir avec une plastique parfaite. Les hommes sont plus sensibles à l’expression, à la sensualité que dégage une femme qu’à un visage sans âme, mais conforme aux canons de beauté prônés par les magazines!

Autrefois, la femme faisait appel à la chirurgie esthétique en dernier recours. Geste lourd, mûrement réfléchi, aux conséquences parfois incertaines, qui semble être devenu facile, et la femme y recourt régulièrement. A votre avis, qu’est ce qui a changé ou évolué dans la chirurgie esthétique ?

La façon de penser la beauté a changé. On ne tient plus uniquement compte du calibrage des canons de beauté, mais des expressions d’un visage, pour lui conserver une physionomie mobile et vivante. La femme d’aujourd’hui souhaite, après une intervention, gagner en éclat sans perdre sa personnalité.
Autrefois, une femme désirant rajeunir de 20 ans attendait d’avoir la peau bien relâchée pour subir un lifting, acte et technique plus invasifs, induisant des gestes lourds. Aujourd’hui, les femmes se font opérer plus tôt, afin de garder un visage où les modifications ne se remarquent pas. Heureusement, aujourd’hui de moins en moins de chirurgiens pensent que la beauté consiste en un calibrage de forme.

Un lifting aujourd’hui, est ce un geste simple ?

Non. Il est faux de croire que, parce que le résultat est naturel, le lifting est plus facile à pratiquer techniquement. Il ne s’agit pas « d’une petite opération ». Au contraire, le lifting demande des gestes minutieux pour respecter les vecteurs, les sens de tension propres à chaque visage, en tenant aussi compte de l’état de la peau. C’est un acte plus élaboré, qui demande une connaissance parfaite de la physiologie des muscles du visage à l’animation, et une grande expérience pour savoir mettre en valeur chaque expression, chaque sourire, après un lifting. Mais il est vrai que c’est un acte plus en finesse et moins traumatisant.

Que pensez vous des produits de comblement ?

Oui, ils ont leur place lorsque l’indication est bien posée.
Mais je voudrais dénoncer un leurre. En aucun cas des produits de comblement ne peuvent remplacer un lifting. Ils peuvent être utilisés sur des rides, mais ces produits ne pourront jamais retirer un excès de peau, ce qui est une évidence. La médecine esthétique exploite la peur de l’opération (risque anesthésique, risque d’être modifié) pour proposer ces produits, ce qui est mensonger.
Lorsqu’il existe un excès, ou un relâchement de peau au niveau du visage, il n’y a rien d’autre qu’un lifting partiel ou complet, dit cervico-facial, pour retrouver un visage naturel. Ceci est une évidence ; plus encore, les produits de comblement, non seulement ne peuvent pas traiter le relâchement, mais ces comblements risquent de donner un visage gonflé, et qui a perdu toute expression.

Quel est le profil de la patiente qui vient consulter ?

30 % des femmes nous demandent des opérations dans l’intention de ressembler à une photo de star, ou nous demandent aussi un rajeunissement de vingt ou trente ans, ou même plus si possible, alors que 70% souhaitent une intervention dans le seul but de supprimer uniquement ce qui les gêne. Leur principale préoccupation est de maintenir les expressions d’un visage. Elles nous demandent de retirer « un air fatigué » dû à un excès de peau au niveau du cou, ou encore une bosse sur un nez qui peut donner un air méchant ou agressif, des paupières tombantes pouvant masquer l’éclat du regard. Elles ne veulent surtout pas modifier leur physique et ressembler à une quelconque star.
L’important pour ces femmes est de retirer cette apparence qui ne leur correspond pas et surtout de conserver leurs expressions. Elles demandent plus un geste de réparation que de beauté pure.
Elles souhaitent harmoniser leur apparence à leur personnalité intérieure.

Et les hommes ?

J’ai peu d’hommes qui viennent consulter, environ 10%. Mais chez eux, il n’y a jamais de connotation de beauté. Leur motivation «avouée » est d’ordre professionnel. Ils veulent être « compétitifs » dans leur entreprise.

En général, quelles sont les demandes habituelles des femmes ?

Dans l’ordre : Lifting, paupières et nez. Une des plus importantes demandes aujourd’hui, concerne la femme jeune marquée au niveau du cou, qui présente une perte de l’ovale de son visage.

Y a-t-il de nouvelles techniques opératoires ?

Non il n’y a pas de technique révolutionnaire. Les progrès résident plus dans les indications plus personnalisées, et adaptées à chaque visage, qu’en des prouesses chirurgicales dont les résultats sont souvent trop visibles.

Vous arrive-t-il de refuser des demandes ?

Oui, je refuse pour deux ordres de raisons :
1 - Sur le planphysique : si la demande est irréalisable physiquement (par exemple une femme qui a un visage carré et épais, et qui attend un ovale parfait).
Ou encore, si pour obtenir le résultat que la patiente souhaite, je risque de modifier son expression.
Dans ces cas, je l’explique. Le patient le comprend.
2 – Je refuse également si l’investissement psychologique est démesuré par rapport à ce que l’opération peut apporter, par exemple espérer le retour d’un époux après une intervention ou une autre attente à laquelle l’opération ne peut répondre.

Existe-t-il un label de beauté ?

Oui, il existe des normes, des mensurations de beauté qui se mondialisent.
La demande de chirurgie esthétique, de lifting par exemple, provenant aussi bien de femmes venant des pays de l’Est que des Etats-Unis, ou même des pays en voie de développement, est une demande liée à des référents canons de Beauté.
L’on connaît ces séries télévisées américaines, où toutes les femmes se ressemblent, idem en Corée du sud ou en Chine, où la classe la plus aisée est en demande d’une certaine forme de chirurgie esthétique correspondant à des normes bien établies.Mais il existe  une « exception française » de la Beauté. Paris, qui a toujours été le centre mondial de la Beauté, a aussi son label de Beauté. La Beauté de la femme française n’est pas dans un physique si parfait soit-il. Elle est un mouvement, un mouvement de son être, de son physique. Elle est faite de sourires, de regards, sa beauté est une manière d’être à la vie. C’est une Beauté qui surprend, faite d’humour et de recul par rapport à la réalité. En cela d’ailleurs, la demande de chirurgie esthétique en France est bien différente. Ces femmes ne recherchent pas un résultat conforme à des mensurations de référence, elles veulent garder par dessus tout leurs expressions, leur personnalité, car c’est par cette singularité qu’elles séduisent. Elles demandent aux chirurgiens de « retirer ce qui les gêne ». Elles savent que leur Beauté n’est pas faite de dimensions physiques, mais dans l’expression d’une personnalité authentique et singulière.

A vous entendre tout parait simple. Mais reste-t-il des réticences ou des craintes exprimées par les patientes ?

Oui, il y a d’abord un risque lié à l’anesthésie, il est rare, mais il existe, comme dans bien des domaines de la vie. Il n’y a rien à dire, c’est un choix personnel. Mais la peur la plus importante est celle du changement, celle de ne plus se reconnaître devant un visage lifté qui n’exprime plus rien.
Je dis toujours « que le pire ennemi du lifting » est un lifting inexpressif et figé.
Une parfaite connaissance anatomique, et des mouvements musculaires qui conditionnent la nuance de nos expressions, permettent d’éviter ces résultats. Ces liftings ne doivent plus se voir aujourd’hui.

Quel est votre point de vue en tant qu’homme et chirurgien devant ces demandes ?

Il y a la demande de conformité à une dictature de la Beauté, elle existe, bien que de moins en moins importante. Pour certains et pour moi en tant qu’homme, en tout cas, je la trouve discutable.
Et puis il y a l’autre demande, majoritaire, de ces femmes qui ne veulent plus voir le matin devant leur miroir leur visage fatigué alors qu’elles ne le sont pas ; qui ne veulent plus que l’on dise, tu as l’air énervée, ou soucieuse, ou lasse, alors qu’intérieurement, elles sont en pleine forme. C’est cela la vraie demande;  ces femmes nous demandent tout simplement de retirer ce qui les gêne. Cette demande n’a rien de futile, bien au contraire. Elles souhaitent tout simplement se sentir en accord avec elles-mêmes. Il n’y a aucun sentiment de culpabilité à avoir.
Ces femmes recherchent ce que j’ai appelé dans mon livre le « S.M .I.G-Beauté », c’est le Seuil Minimum Individuel Garanti, que la chirurgie esthétique peut raisonnablement apporter aujourd’hui, dans le but de retirer ce qui gêne, sans tomber dans les excès, et pour avoir un physique acceptable.

Vous êtes quotidiennement au centre de la recherche de la beauté. Quelle est votre vision sur l’avenir de celle-ci ?

La Beauté qui ne s’exprime que par un physique, si parfait soit-il, est muette et sans message. De plus, avec les images recomposées et bientôt le clonage, cette beauté purement anatomique perdra même de sa crédibilité. Nous vivons en ce début de siècle une mutation profonde de l’image de la beauté. Nous passons d’une beauté de masse, imposée et traditionnellement conforme à des nombres d’or, à une beauté individuelle et singulière qui n’obéit plus à aucune calibrage. Une beauté qui ne se mesure pas, mais qui émerveille, surprend, toujours vivante parce qu’elle est faite de mouvement, d’expression et correspond à l’affirmation d’une personnalité ; une beauté que tout le monde possède en soi, qui laisse parler l’émotion et embellit un visage. J’ose espérer que l’on dira bientôt « on ne naît pas belle, on le devient ».

Quel est le rôle du chirurgien ?

Il devient un passeur qui aide la femme à se réconcilier avec elle-même et retrouver sa vraie beauté, sa force de séduire.

Quel est le moment le plus approprié pour faire appel à la chirurgie esthétique ?

Il n’y en a pas. Une jeune fille de 17/18 ans qui a un nez difforme ne devra pas attendre l’âge des complexes pour se faire opérer. Idem pour les poches. Une jeune femme de 25 ans qui présente des poches, pourrait se les faire retirer à cet âge. Pour le reste, c’est fonction du besoin et de l’envie de la femme qui le fait, parfois de façon préventive, évitant ensuite une chirurgie plus lourde. Il faut savoir que la peau vieillit par à coups. En 6 mois, vous pouvez vieillir de 5 ans, le vieillissement de la peau n’est pas progressif.

Y a-t-il une limite d’âge ?

Non. La seule limite reste la condition physique et l’état de santé (diabète, état cardiaque…)
Ma patiente la plus âgée par exemple avait 89 ans.


Et pour finir, quels sont vos conseils pour toutes les femmes qui vous lisent ?

Ne restez pas « accro » aux canons de la Beauté. Cela ne veut rien dire aujourd’hui. La Beauté est dans vos émotions vraies, alors osez, souriez, souriez, cela rend encore plus beau ou plus belle qu’un lifting, et de plus un sourire ne vieillit pas. S’aimer, être authentique, oser, sans peur d’être déplacée, c’est cela la beauté aujourd’hui. Et en cas de recours à la chirurgie esthétique, évitez les excès et préférez le maintien de vos expressions.


 

Décembre 2008
Par Katya PELLEGRINO

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