Portraits

Il se sent pousser des ailes pour vanter la liberté et la créativité. "On copie, on répète, mais on a le choix et parfois le génie d'inventer pour mieux vagabonder dans son imaginaire". Olivier Perruchot a du coeur et des émotions. Son regard clair se met à briller quand il célèbre les plaisirs d'un travail complexe, soigné et réussi. Un zeste d'enfance, une mèche un peu rebelle, l'oeil pointu du photographe pour l'harmonie des couleurs, et le voilà qui vous captive avec malice et charme. Piaget est une marque star, hors modes, où les secondes s'impriment en rafales au gré du temps qui passe. La montre libérée se fait alors envie de passion accessible. C'est sa façon d'imposer son propre rythme, de rejeter la fuite des heures et la vanité, pour faire valoir sa raison d'être, échapper au statut d'objet et prendre corps afin d'entrer dans votre vie. Olivier Perruchot sait mettre en lumière un quantième perpétuel qui peut stopper ou accélérer la course des étoiles. Il pourrait dire : "Pour ne pas voir le temps qui passe, regardez votre montre !"   


Vous êtes un épicurien, en quête de vraies valeurs, intemporelles. On peut dire qu'avec Piaget, vous êtes à l'heure juste...
Je suis en quête du beau et surtout de l'excellence. Le beau sans excellence n'est qu'apparence. Cette volonté d'excellence se retrouve dans l'aspect, la fabrication et la distribution de nos montres.

Quelle est votre définition du luxe?
D'abord, le luxe pour moi n'est pas ostentatoire. A mes yeux, il est plutôt fait de milliers de petits détails d'importance. C'est un peu comme la définition du bonheur. Il y en a de toutes sortes. Des singuliers qui se conjuguent au pluriel ! Mon véritable luxe aujourd'hui c'est le temps. C'est aussi le silence.

Quel est votre objet de luxe préféré?
Ma première montre. Véritable acte d'achat l'année de mes 20 ans. Inoubliable et précieux, car l'émotion reste intacte. C'est un luxe très subjectif. Un prestige personnel.

Quelle est actuellement la montre d'exception chez Piaget?
Une montre ultra plate. Il n'y a rien de plus élégant aujourd'hui. Chaque homme raffiné devrait en avoir une dans sa "garde-robe" joaillière. Piaget, spécialiste en mouvement ultra plat, a sorti une montre ronde ultra plate d'une pureté sublime, très classique et moderne à la fois. La seule peut-être qui, peau à peau, se glisse avec autant de volupté sur un poignet.

Que représente le cigare pour vous?
Justeùent un moment de luxe où le temps s'arrête... et suspend son vol. Les volutes m'inspirent, me font rêver et m'apaisent. Je fume le cigare depuis l'age de 20 ans, tous les jours, surtout le soir pour être sûr d'aller jusqu'au bout en toute tranquillité. Mes préférés sont les havanes qui ont depuis le début formé le goût. Les robustos, les obus... Des cigares charpentés dont l'arôme se dévoile, s'installe et vous comble.

Montre et cigare. Ont-ils des rapports communs?
Complètement. Tous deux sont "faits main", après un long apprentissagepar des hommes qui sont fiers de leur métier, qui sont exigeants et doués pour l'excellence. Les valeurs sont donc communes. Par ailleurs, si la montre mesure le temps, le cigare le suspend. Le temps qui passe et qui soudain peut s'arrêter les réunit et les marie pour le meilleur. C'est toujours la passion et le goût de la précision qui font que ces mondes, en apparence si différents, demeurent tellement semblables.

Etes-vous un gastronome averti?
Je suis un épicurien qui a le sens de la fête. J'aime les bons plats et les bons vins. J'ai eu la chance d'être initié à ces plaisirs gustatifs très jeune. Je cuisine aussi de temps en temps...

Quel est le plat que vous réussissez le mieux?
La fricassée de champignons. Je n'ai rien inventé. Ce sont quelques chefs amis et talentueux qui m'ont donné le sens de la gourmandise et l'envie de réussir une recette.

Quel est votre restaurant préféré à Paris?
Lasserre, pour son excellence et pour le souvenir d'y avoir emmené ma fiancée qui, depuis, est devenue ma femme. J'ai d'ailleurs, à ce sujet, une petite anecdote. A l'époque, la carte de crédit n'y était pas acceptée et je me suis trouvé fort embarassé, n'ayant pas de chéquier sur moi ce jour-là. C'est alors que M. Louis, qui doit toujours faire partie de la maison, avec beaucoup de tact et de finesse, m'a proposé discrètement de leur faire parvenir un chèque à ma convenance! J'adore aussi le restaurant Apicius dans sa nouvelle demeure. Le chef Jean-Pierre Vigato se surpasse.

Les hôtels luxueux sont le lot de vos voyages professionnels. Mais où allez-vous pour vous reposer? 
J'aime surtout les hôtels de charme dont on dit les noms tout bas et en secret. Je recherche avant tout un confort et une ambiance raffinés, un luxe discret et où, quand je le souhaite, je peux déguster un cigare en toute tranquillité.

Faites-vous partie d'un club de fumeurs?
Cela m'est arrivé il y a quelques années. Je n'ai pas été convaincu. Décortiquer le cigare dans tous les sens, pour démontrer à quel point il est bon, ne m'intéresse pas. Pour moi, déguster un cigare est un plaisir et le plaisir ne demande pas une analyse!

A propos de plaisir et de magie, quel est le pays qui vous a le plus impressionné?
L'Inde! Pour la connaître, il faut y aller. C'est comme le cigare. Pour le connaître, il faut le fumer!


                                                                                                                        Véra Baudez


                                                                                                               

                                                                                                                Cet article est paru dans
                                                                                                                Club Cigare n°31