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Portrait


Pan Deï Palais

Les histoires d’amour finissent mal, en général… Elles peuvent aussi laisser de beaux souvenirs. Des souvenirs qui, avec le temps, prennent une dimension romantique, voire légendaire. A Saint-Tropez, on avait depuis longtemps oublié le souvenir du général Allard. Pour les habitants, il n’était qu’un nom sur l’une des rues commerçantes proches du port. Le voici qui se retrouve en pleine actualité avec l’ouverture d’un adorable hôtel de charme, le Pan Deï Palais.
A deux pas de la place des Lices, cet écrin de raffinement orientalisant s’est installé dans l’ancienne maison du fameux général Allard. Rescapé des guerres napoléoniennes, il a connu la gloire en Inde au début du 19ème siècle. Après s’être illustré à la tête de la « French Legion » du Maharadja Ranjit Singh, le petit gars de Saint-tropez se transforme en mercenaire de luxe. Un aventurier de haut vol qui va fatalement tomber amoureux d’une jeune princesse indienne, Bannu Pan Deï. Il l’épouse au cours de cérémonies fastueuses qui dureront un mois, lui fait cinq enfants et ramène tout ce petit monde en France où il est fêté comme un héros national. Avant de retourner affronter les Afghans et de tomber au combat, il fera construire pour sa belle une somptueuse propriété au cœur d’un parc qui s’étend alors jusqu’à la place des Lices.

C’est cette maison qui a été entièrement restaurée et décorée dans le style indien en hommage à celle dont elle porte le nom. Le Pan Deï Palais ne ressemble en rien à ce qui existe à Saint-tropez. Ses propriétaires ont même carrément pris le contre-pied de l’esprit tropézien flashy et un rien exhibitionniste pour faire de leur hôtel une oasis d’élégance discrète. Il suffit de pousser la porte de cette belle demeure pour pénétrer dans une parenthèse de raffinement. De l’extérieur, d’ailleurs, rien ne distingue le Pan Deï Palais des autres maisons de maître qui s’alignent sagement au long de la rue Gambetta. Ici, la beauté est intérieure. Elle est même une invitation douce à la méditation. S’inspirant des origines de la princesse, la décoratrice Françoise Piault dessine une atmosphère orientaliste tout en subtilité. « Mon idée était de donner aux hôtes le sentiment du plus complet dépaysement, l’impression d’un voyage exotique sans avoir à subir les désagréments d’un déplacement lointain. » Tous les mystères et les beautés de l’Inde résumés en quelques chambres et deux ou trois salons. Le lobby affiche les arabesques de l’architecture à volute de l’Inde. Banquettes ocre et rouge, objets artisanaux ou statuettes abrités dans des niches murales, authentiques panneaux de bois sculptés de motifs floraux. Tout est pensé dans le but de créer une atmosphère d’exotisme cosy. Jusqu’au hall menant au jardin qui s’orne d’un bas-relief en pierre où sont sculptés des petits bouddhas balinais. Dans le salon « Krishna », un plafond de temple birman en bois travaillé trône entre deux imposantes bibliothèques. On aime les parquets en bois précieux et cette pierre blanche de Turquie, la Limra, sur lesquels les kilims d’Anatolie dessinent des taches de couleur et de chaleur. Pour chacune des douze chambres dédiée à une princesse ou à une divinité indienne et qui affiche une décoration originale, Françoise Piault a conçu la totalité du mobilier. Lits en iroko et bambou, consoles et secrétaires fabriqués par des artisans indiens à partir de bois anciens récupérés dans les temples. Les baldaquins coloniaux à demi colonne ont été adaptés aux normes actuelles afin d’offrir un confort digne des meilleurs hôtels internationaux.

Quand on aime Saint-Tropez, c’est hors saison qu’il faut venir. Les frimeurs sont encore en train de rôder les 2000 CV de leurs yachts au large de Porto Cervo et le port appartient aux vrais navigateurs. Comme eux, on rêve de poser son sac dans un lieu tranquille et d’oublier la houle. Bienvenue au Pan Deï Palais, refuge cool et chic où des fauteuils crapauds capitonnés de rouge, de prune ou de violine vous invitent à paresser en attendant l’heure du thé qui sera servi dans un jardin extraordinaire à la Trenet. On prendra alors le temps de relire Maupassant qui a aimé un Saint-Tropez, village de pêcheurs et « fille de la mer », et de feuilleter un beau livre consacré aux néo-impressionnistes qui, avec Paul Signac, ont succombé à la lumière de ce coin de Côte d’Azur.
Février 2013
Par Christian-Luc PARISON
Pan Deï Palais 
52, rue Gambetta
83990 Saint-Tropez.
Tél. 04 94 17 71 71
www.pandei.com

Repas à la table du Pan DeÏ Palais préparé par Satoshi Kobuta, environ 60 euros.