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La poésie du vin

La poésie fait partie du vin. Dans l'imaginaire collectif, de poétiques mots définissent l'arôme, le corps et les traits de caractère d’un grand cru. Pour le poète, le vin est une source d'inspiration : rouge, rosé et blanc. Depuis l'Antiquité, les civilisations font l’éloge du vin que les dieux réservent aux hommes. Déjà, dans l'épopée de Gilgamesh, ce breuvage sacré pouvait donner l'immortalité à Gilgamesh, roi légendaire d'Uruk...
L'âme du vin dans la poésie

Abû Nuwâs, " Le vin, le vent, la vie "

Dans la poésie, l'âme du vin, au plus haut point, serait chez Abû Nuwâs, le plus grand poète arabe classique. À ses yeux, voilà l’éclat : « Un vin rouge comme un rubis qui étincelle dans la coupe et dans la main ». Presque un nectar divin : « Félicite le vin pour les plus beaux hauts de ses bienfaits et nomme-le par ses plus beaux noms ». Aussi chez Omar Khayyam, savant et poète persan. Dans son panégyrique, tous les vins du monde semblent converger, et ouvrir son esprit à la rêverie. C’est un « vin couleur de rose dans une coupe vermeille » avec des « airs mélodieux du luth et des sons plaintifs de la harpe ».

Vin et mythologie

En amont, Homère, dans l'Iliade et l'Odyssée, évoque les crus renommés de l'Antiquité grecque. Depuis l'île de la Crète jusqu'à la mer Égée, les Mycéniens donnent ses lettres de noblesse au vin. Avec sa mythologie : l'amphore, le cratère et le canthare. Au-delà de la Grèce continentale, les premiers marchands de vin partent à la conquête de l'île de Chypre, Massalia, le sud de l'Italie et toutes les rives de la Méditerranée. Pour le poète grec : « Le vin vous fait un cœur d’homme ».

Dionysos avec un canthare

Le vin à la Renaissance

À la Renaissance, c'est tout un art de la convivialité autour du « boire » et « bon manger » à l’heure de François Rabelais et de sa « dive bouteille ». Pierre de Ronsard, gentilhomme Vendômois, célèbre le « Dieu des verres et du vin ». Également, dans un esprit courtois : « Au vin gît la grande part du jeu d’amour et de la danse ». Chez Clément Marot, c’est une atmosphère chaleureuse : « Et quand ce viendra au souper, buvez les vins délicieux ».

Calligramme de la dive bouteille de François Rabelais

Le vin et les romantiques

Le Maine Giraud d'Alfred de Vigny

Au XIXe siècle, le vin enflamme les esprits romantiques en France. Heureux propriétaire d’un domaine de quatre-vingts cinq hectares en Charente, toujours en activité, Alfred de Vigny est aux petits soins pour ses vignes. De même, Alphonse de Lamartine, ancien ministre des Affaires étrangères, déclare ainsi : « Je ne suis pas poète, je suis vigneron ». Passionné, il possédait sur ses terres natales dans le Mâconnais en Bourgogne trois vignobles : Milly, Monceau et Saint-Point.

Château de Saint-Point

Le vin au XIXe siècle


En parallèle, à partir du XIXe siècle, dans une tradition bachique, une cohorte de poètes français fait les louanges du vin. Au premier chef, Victor Hugo : « Plus de vin pour ma soif, plus d’amour pour mon âme ». L’exaltation chez Alfred de Musset : « Le vin de la jeunesse fermente cette nuit dans les veines de Dieu ». Charles Baudelaire, son gardien du temple dans les « Fleurs du Mal ». Pour Guillaume Apollinaire, amateur de vins du Rhin, en alexandrin : « Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme ». Enfin, Alphonse Allais et son légendaire amour des cocktails fantaisistes, un Brandy Cocktail : « Glace en petits morceaux, quelques gouttes d’angustura, une demi-cuillerée de crème de noyaux, une autre de curaçao, finir avec fine champagne. Agitez, pressez, zeste de citron, buvez. »

Brandy Cocktail

Nicolas GRENIER
Mai 2015