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C’est l’un des meilleurs dessinateurs d’aujourd’hui : Jérôme Zonder fonde essentiellement son travail sur notre rapport à l’Histoire. L’artiste perçoit le château de Chambord comme un véritable corps historique dont le célèbre escalier serait la colonne vertébrale : celui-ci accueille des superpositions de temporalité, comme autant de sédiments questionnant la mémoire collective. A travers plus de 130 œuvres, dont près de la moitié ont été produites pour l’occasion, l’exposition montre notamment une forêt de 30 mètres courant sur les murs, et portant les « fruits de l’histoire », 89 dessins issus de collections privées, qui forment une narration en accéléré de l’espèce, de l’empreinte rupestre à la greffe bionique opérée en 2014 sur un soldat américain. S’y ajoutent une galerie de portraits de « blessés », révélant autant d’accidents de l’histoire, mais également des foules de mains sur de très grands formats. On y retrouve l’interrogation sans cesse renouvelée sur la mémoire et la trace, à travers les angles de l’anthropologie, de l’éthique et du politique. Des dessins réalistes ou plus suggestifs, employant le fusain, la mine de plomb ou le travail à l’empreinte, où l’artiste restreint volontairement sa pratique au dessin pour « reprendre la main », au sens propre comme au sens figuré, face au flot des images numériques. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle ? Jérôme Zonder le pense et présente notre époque comme celle d’une mutation à la veille d’un cataclysme décisif, marqué par l’intelligence artificielle et la nanotechnologie. Saisissant.