Bien-Être & Santé


Osez !

Dans le milieu sportif, du loisir ou de la compétition, un grand phénomène reste l'un des éléments les plus terribles pour le nouveau pratiquant, mais également pour les pratiquants réguliers chez qui la difficulté de se dépasser n'a pas été vaincue. La peur d'oser.

Un risque ou un danger



Oser, ce mot fait déjà peur car dans son sens même, il implique un risque ou un danger. Il est légitime d'être mal à l'aise devant une possibilité de risque. La peur résulte d'une anticipation vis-à-vis de ce qui pourrait se passer. La peur peut émerger lorsque d'une situation, nous voyons plus de conséquences négatives que de positives ou bien, nous focalisons notre attention sur les points négatifs plutôt que sur les points positifs. Cela n'est pas réservé qu'au sport mais à de nombreux domaines.



Beaucoup d'excuses fusent alors : "Ce n'est plus de mon âge", "Ce n'est pas fait pour moi", "Je ne peux pas soulever autant", "Je n'ai pas de force dans les bras", "Je ne suis pas capable".
Concrètement, souvent par manque de confiance ou d'estime de soi ou bien, pour ne pas risquer de perdre la face à cause de la peur du regard des autres, on se met un frein. On n'ose pas agir et au fur et à mesure, on en perd même l'idée de pouvoir agir.

J'ai rencontré trois types de situations dans le cadre sportif



Avant de s'inscrire à leur première course à obstacles, certaines des personnes que j'ai coachées ont hésité. La question générale qui a pu surgir en arrière plan des interrogations diverses était, face au coût de travail, d'investissement, d'entraînement, de douleurs et peut être d'échec, qu'est-ce que cela m'apporte ?
La réponse est floue avant d'avoir réalisé l'épreuve. Le gain n'est qu'hypothétique. Des émotions, de la fierté, des sensations fortes ? Oui mais en cas d'échec ou en cas de blessure, qu’est-ce qui va se passer ?
Ce n'est qu'après avoir vécu l'évènement que l'individu validera ou non la valeur et le gain de son engagement. Tous ont alors eu envie de refaire une course à obstacles.



Une deuxième situation concerne le marathon de Lisbonne. Certains ont hésité à s'inscrire au marathon de peur de ne pas avoir la capacité de le finir. Ici, son propre regard sur ses capacités est l'enjeu même de l'hésitation à oser. La peur de l'échec est encore de mise. Ils hésitaient donc à faire le marathon au profit du semi-marathon. Le risque est alors moins grand. Lors d'un entraînement, la distance du semi a été réalisée. L'une d'entre eux a dit : "Se déplacer jusqu'à Lisbonne pour ça, ça aurait vraiment été dommage !". Une démarche à l’inverse est à proposer : se fixer un objectif qui nous parait fou pour permettre de dépasser cette idée étroite de l’incapacité. Cela permet d’ouvrir le champs des possibles, cela entraine une libération des potentiels et une mise en œuvre mentale et physique sur la voie d’un possible.



La troisième situation, plus actuelle que les deux précédentes, qu'on appelle l'aquaphobie, la peur de l'eau. Une de mes sportives s'interdisait l'idée d'apprendre à nager. Cette peur est assez difficile à affaiblir car les conséquences peuvent être terribles. La peur de la mort, la peur de ne plus pouvoir respirer... Tout cela peut être difficile à gérer et à dépasser.
Petite digression, en tant qu'éducateur, je conseille aux parents d'initier tôt leurs enfants à des sports dont le milieu n'est pas naturel pour l'homme : aquatique, de glisse ou d'air pour limiter les peurs au minimum. Nous avons donc procédé à un coaching contre l'aquaphobie et au fur et à mesure commencé l'apprentissage de la nage.



Il est clair qu'oser est difficile car c'est se mettre en danger ou imaginer qu'il y a une possibilité de danger. Cependant, par conséquence, les gens s'interdisent beaucoup de choses et ils se leurrent en disant que cela ne les intéresse pas : ils ne peuvent s'empêcher de regarder ou de suivre les exploits des autres. Cette peur de l'échec est très grande dans notre société. Accepter l'échec ou la possibilité d'échec est très difficile. Accepter et rebondir... Plus facile à dire qu'à faire et pourtant, c'est le meilleur moyen d'avoir des sensations, d'apprendre, de s'entraîner puis de réussir.
Le conseil que je vous donne, cherchez à vous fixer un objectif, la préparation physique sera alors meilleure. Accrochez-vous à cet objectif tant qu'il n'est pas réalisé. Que chaque action sportive soit mise sur le compte en faveur de cet objectif. Cela ne doit pas devenir une obsession mais donnera du sens à votre pratique, à vos choix. Nous ne soupçonnons pas les forces que nous avons avant d’avoir appris à les connaitre et à les mobiliser. Il n’y a souvent qu’un pas entre le rêve et la réalité. Le mot d’ordre est "essayez"… L’échec ne se transforme en réussite que si l’on essaye !
Avril 2017
Patrick Mila a un parcours atypique, pour beaucoup, un parcours multidirectionnel : professeur de français, chercheur en psychosociolinguistique et en sémantique, coach sportif et mental à Paris.