La Collection Brasiliana : Les peintres voyageurs romantiques au Brésil (1820-1870)
Le musée de la Vie romantique célèbre l'année du Brésil en France orchestrée avec l'A.F.A.A.
Une centaine de peintures, aquarelles et dessins de la collection Brasiliana prêtée avec la collaboration de la Pinacothèque de Sao Paulo sera montrée pour la première fois en Europe. Le noyau de cet ensemble exceptionnel, patiemment réuni par le grand marchand parisien d'objets d'art Jacques Kugel (1912-1985), fut cédé en 1996 à la Fondation Brésilienne Estudar.
C'est avec l'arrivée au Brésil de la Cour de Lisbonne en 1808 que ce vaste pays, jusque là interdit aux étrangers, s'est ouvert "aux missions amies".
Pour affirmer l'identité culturelle de son empire, Pedro Ier (1822-1831) choisit Rio de Janeiro, ville symbole qui compte 50.000 habitants en 1797, comme capitale. Il confie à la mission artistique française (les peintres Nicolas-Antoine Taunay et Jean Baptiste Debret) la création d'une Académie des Beaux Arts. Pedro Ier puis sur un territoire aussi vaste, Pedro II (1825-1891), son fils, soucieux d'affirmer leur puissance politique encouragent les artistes à en évoquer tous les aspects sur leurs toiles.
Le paysagisme romantique trouve son épanouissement avec la lumière tropicale de la forêt amazonienne, ses cascades, sa végétation luxuriante et l'atmosphère vibrante et poétique de la baie de Rio de Janeiro. Sensibles au pittoresque et à l'exotisme, les peintres croquent sur le motif, indigènes, fleurs et fruits, habitations, petits métiers...
Le vaste et l'inconnu leur inspirent des vues panoramiques qui impressionnent par leur taille et la précision des détails topographiques, tandis que les membres de la cour impériale sont peints à la commande, parés de leurs plus beaux atours.
Une exposition de charme, à l'image d'un patrimoine séduisant vu à travers la vision romantique d'artistes essentiellement français, mais également suisses, allemands, italiens, anglais, hollandais comme Biard, Chamberlain, Coindet, Debret, Ender, Facchinetti, d'Hastrel, Hildebrandt, Landseer, Motta, Planitz, Righini, Rugendas, Sinety, Vinet...
Quelques oeuvres provenant de collections françaises complètent la collection Brasiliana qui compte parmi les plus prestigieuses d'Amérique du sud. Carlos Martins, conservateur de la collection Brasiliana, est le commissaire invité de cette exposition.
Au coeur du quartier de la Nouvelle Athènes, l'hôtel Scheffer-Renan sis au n° 16 de la rue Chaptal, dans le IXème arrondissement, abrite depuis 1987 le musée de la Vie romantique de la Ville de Paris.
Une allée discrète bordée d'arbres centenaires conduit à un charmant pavillon à l'italienne devant une cour pavée et un délicieux jardin de roses et de lilas. Le peintre et sculpteur Ary Scheffer (1795-1858), artiste d'origine hollandaise y vécut de 1830 à sa mort. Il y avait fait construire deux ateliers orientés au nord, de part et d'autre de la cour, l'un pour travailler et enseigner, l'autre pour vivre et recevoir. Le Tout Paris intellectuel et artistique de la Monarchie de Juillet fréquenta ainsi "la maison Chaptal" : Delacroix, George Sand et Chopin - fidèles habitants du quartier - Liszt, Rossini, Tourgueniev, Dickens...
Pieusement conservé par sa fille Cornelia Scheffer - Marjolin, puis par sa petite nièce Noémi, fille du philosophe Ernest Renan, ce lieu d'exception fut pendant cent cinquante ans le foyer d'une famille entièrement vouée aux arts et aux lettres ; la Ville de Paris en devint le dépositaire en 1983.
L'orientation muséographique a aujourd'hui permis de reconstituer, avec le concours du décorateur Jacques Garcia, un cadre historique harmonieux pour évoquer l'époque romantique : au rez-de-chaussée, les memorabilia de la femme de lettres George Sand : portraits, meubles et bijoux des XVIIIème et XIXème siècles - légués par sa petitefille Aurore Lauth-Sand - et au premier étage, les toiles du peintre Ary Scheffer entourées d'oeuvres de ses contemporains. Le charme évocateur du musée tient aussi à la reconstitution de l'atelier-salon, avec la bibliothèque enrichie par quatre générations : Scheffer, Renan, Psichari et Siohan.
L'atelier de travail du peintre, récemment rénové avec la complicité de François-Joseph Graf, permet d'élargir le concept romantique à une sensibilité contemporaine, avec des expositions qui alternent des thèmes patrimoniaux et de modernité.