Portraits

Un coup de cœur qui se partage

Sur le pont : Pierre-Yves Roué. Dans une première vie, ce diplômé de grandes écoles de commerce a déroulé une brillante carrière dans les multinationales… Jusqu’au coup de cœur pour ce lieu d’exception, au bout de nulle part, à fleur de lande, avec une vue à couper le souffle : les Glénans, l’île de Groix, et tout près la petite « plage de Tahiti » où Gauguin aimait à venir peindre. Et puis «la mer, toujours recommencée». Il en fera un hôtel et un restaurant. Aux cuisines, le chef et son second : Patrick et Jean-Marie Le Guen, père et fils. Une alchimie qui a fait ses preuves chez d’autres grands chefs, et qui fonctionne une fois encore avec bonheur puisqu’elle se traduit notamment par une étoile au guide Michelin - ce n’est pas la première pour Patrick qui, avant d'ouvrir son premier restaurant, avait d'ailleurs travaillé chez les plus grands en France mais également au Japon pour le lancement du restaurant de Robuchon… Ce qui nous vaut quelques saveurs délicatement asiatiques dans l’assiette. A la cave, un trésor de quelques 350 vins différents, dont Pierre-Yves Roué vous entretiendra avec gourmandise, parce que c’est manifestement une passion et qu’il sait la communiquer avec bonheur. Ainsi de ce Champagne Jacquesson Cuvée 735 qu’il vous conseille en connaisseur. Et c’est aussi cela qu’on aime chez Ar Men Du : un sens de l’accueil vrai et touchant, une délicatesse et une attention de tous les instants, mais toute en discrétion. Ici, pas de superfétatoire, la cuisine et le lieu parlent d’eux-mêmes. D’emblée, on se sent bien.



Une cuisine inventive et respectueuse du produit

Le credo du lieu : « la recherche du plaisir, du beau, du bon, du goût ». Tout est dit. Pour y parvenir, « les » Le Guen père et fils utilisent des produits ultra-frais qu’ils sélectionnent ou font produire essentiellement dans la région : petits producteurs bio, pêcheur de ligne pour le bar… Savourez votre Tartare de bar de ligne tranché minute, le regard perdu sur l’Océan d’où il a été sorti quelques heures auparavant. Vous l’avez compris : ici, on travaille le produit sans jamais le dénaturer. Poursuivez avec la Barbue rôtie et ses asperges bourgeoises, truffe d’été. A moins que vous ne préfériez le Pigeon rôti et quinoa parfumé à la truffe, qui vous prouvera s’il en était besoin qu’en ce lieu, les produits plus « terriens » n’ont rien à envier à ceux de la mer. Tout en dégustant le Croquant d’agrume au Safran et son Sorbet Orange – un pur délice – vous envisagerez alors sereinement une promenade le long du sentier côtier qui passe au pied du restaurant, ou une rêverie sur la terrasse en admirant le coucher de soleil sur les Glénans. Une carte postale ? Non : une jolie leçon de bonheur.



Gwenola Lemoine