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Paul Poiret  : L'exposition événement !

Le 7 mai dernier, les marches du MET à New York avaient des airs canois. Le gratin des fashionitas les plus célèbres de la planète (Kate Moss, Cameron Diaz et Scarlett Johansson en tête) s'y pressaient longuement ou courtement vêtues en Balanciaga, Calvin Klein et Yves Saint Laurent. Raison de cet affolement ? L'inauguration de l'exposition consacrée au Roi de la Mode : Paul Poiret. A voir évidemment avant le 5 août pour ne pas être mis au ban des fashion-addicts!
Un visionnaire

C'est un homme oublié et singulièrement appauvri qui nous a quittés en 1944... Et pourtant, en osant libérer les femmes de leurs corsets incommodants, en inventant la silhouette élancée, Paul Poiret a opéré au début du XXe siècle une mini-révolution vestimentaire, influençant encore des générations de couturiers. Des créations diablement féminines, terriblement actuelles avec leurs lignes fluides et droites et leurs épaules soulignées mais qui ont souffert, dans l'entre-deux guerres, de la concurrence du look garçonne et fonctionnel instigué par une certaine Coco Chanel. Heureusement, revenu récemment sur le devant de la scène à la faveur d'une vente aux enchères spectaculaire en 2005, le couturier français visionnaire retrouve avec cette exposition au Metropolitan Museum of Art de New York ses lettres de noblesse. Preuve que l'on a peut-être encore beaucoup à apprendre de lui.

Un orientaliste à Paris

Ce qui frappe chez Paul Poiret, c'est peut-être ce mélange d'influences exotiques et cette audace à puiser dans les autres arts. Peut-être parce qu'il n'est précisément pas couturier, le Roi de la mode joue sur les drapés et s'inspire des lignes russes, japonaises et indiennes pour signer l'arrêt de mort des corsets et autres bas opaques. Blouses, sarouels, kimonos et turbans pour les formes, Dufy pour les couleurs vives, Man Ray pour les photos, les influences sont multiples et séduisantes. Le plus ? L'engouement des stars pour les créations du couturier. Inventant probablement les rudiments du marketing, Paul Poiret lance un parfum (Rosine) mais surtout habille les fortes têtes de l'époque : Réjane, Sarah Bernhardt ou encore Joséphine Baker. L'industrie vestimentaire de masse suivant immanquablement... Ce faisant, non content de libérer les corps féminins, le créateur mène les premiers pas de la démocratisation de la haute-couture. A croire qu'on lui doit tout ?
Juillet 2007
Par Estelle BURGET
"Paul Poiret: King of Fashion"
Metropolitan Museum de New York
Du 9 mai au 5 août
Tous les jours sauf lundi
www.metmuseum.org