A La Une


Elisabeth Ponsolle des Portes : Déléguée Générale du Comité Colbert

"Il s'agit moins de redéfinir le luxe, qui sera toujours un élément essentiel du génie français, que d'en renouveler le vocabulaire", c'est dans ces termes que s'exprime Elisabeth Ponsolle des Portes, déléguée Générales du Comité Colbert depuis 2003. A la notion d'exclusivité, elle préfère substituer celle d'Art de Vivre et nous parle sans détour du Comité Colbert, véritable entité et bateau-lavoir du luxe, où les échanges d'idées, d'expériences permettent à chacun d'acquérir une conscience plus aiguë de son identité artistique. Créé en 1954 par le parfumeur Jean-Jacques Guerlain, le Comité Colbert a pour vocation de "constituer une référence du luxe français et de promouvoir au niveau mondial cet unique et inimitable savoir-faire français. Rencontre .
Quelle est la meilleure définition du Comité Colbert ?

Le Comité Colbert a pour devise "créer, exceller, émerveiller".
Il reste fidèle aussi bien à un esprit de partage qu'à un esprit de conquête.
Esprit de partage qui lui permet d'échanger des savoir-faire et des métiers divers représentant l'Art de Vivre à la française. Esprit de conquête qui s'exprime par l'adhésion de nos membres pour représenter une force à l'étranger.
Notre taux d'exportation s'élève à 82 %. Notre motivation est de porter le plus loin possible le secteur du luxe français et de mettre en pleine lumière la profondeur, le savoir-faire, la vérité, l'authenticité qui caractérisent nos métiers et nos créations.
Son rôle, grâce aux sociétés qui le composent, est de porter l'identité nationale et l'image collective de la France à l'export.


Avez-vous des concurrents ?

Notre grand concurrent reste l'Italie. Mais au sein du Comité Colbert nos sociétés représentent deux à trois fois le luxe italien en termes de chiffre d'affaires.


Comment devient-on déléguée générale du Comité Colbert ?

C'est le hasard et l'amitié qui m'ont menée à ce poste, il y a 4 ans en 2003.
Agrégée de lettres classiques, j'ai passé 17 ans dans les musées, dont 12 à l'Unesco puis 5 ans en tant que directeur général de l'Union des fabricants.
Olivier Mellerio, à l'occasion de son élection en tant que président du Comité Colbert, succédant à Jean-Marc Simon m'a demandé de venir à ses côtés,
Le luxe étant une émanation de la culture française, il m'a semblé cohérent de la mettre en avant dans le luxe français.


Quelle est votre définition du luxe ?

Le luxe, en perpétuelle évolution, reste un élément essentiel du génie français, auxquels culture, image et économie sont mêlées.
Ma définition du luxe m'est très personnelle, sachez simplement qu'elle est fidèle à ma conviction.


A votre avis, quelles sont les raisons du développement du secteur du luxe ?

Nous sommes très attentifs à la pérennité de l'objet, qui pour nous est essentielle. Nous vivons actuellement dans une période de consommation de jetable qui exacerbe les envies et les désirs, tout en étant du périssable.
Les produits de luxe développent l'imaginaire. Actuellement la société se caractérise par une période de fêtes (rave parties, roller parties...) avec pour mot d'ordre : sentir et ressentir ensemble.


Et l'avenir du luxe ?

Il est prometteur, grâce aux trois nouveaux marchés émergeants que sont la Russie, la Chine et l'Inde.
Nous n'avons pas peur des concurrents car le luxe émane de notre culture française et d'un savoir-faire inimitable. N'oublions pas que nous défendons une connaissance et une expérience sans égales.


Le prix intervient-il dans un produit de luxe ?

Le produit de luxe n'a rien à voir avec le prix de l'objet. Il se dématérialise. Moment, service, expérience font partie intégrante du produit de luxe.
80 % de ces objets ouvrent l'accès au luxe grâce à leur prix d'appel.


Pourquoi avoir été cette année partenaire de la Fiac ?

Nous avons choisi de tendre une passerelle entre luxe et création, lançant un message entre modernité, tradition et savoir-faire. Nous avions la conviction, avec Martin Bethenod, commissaire général de la foire, de la nécessité impérieuse en cette époque de mondialisation, d'affirmer une identité française spécifique et singulière et de mettre en exergue les liens étroits qui existent entre luxe et création.


Quels sont vos projets ?

En premier lieu, développer l'Art de Vivre à la françaisau niveau International. Créer pour se renouveler en permanence est au cœur de notre stratégie.
Pour renforcer notre identité artistique, j'ai multiplié nos commissions.
L'une d'elles réfléchit sur la valorisation du savoir-faire de nos artisans. Avec succès, puisque cette année quatre d'entre eux ont reçu les insignes des Arts et des Lettres et quatre autres seront prochainement nommés maîtres d'art par le ministère de la Culture.
Une autre commission travaille sur les mots du luxe qui ont tous une histoire.
"Les mots pour le dire", les "codes de la tribu", évoluant autant que les comportements et la vision que l'on peut avoir du monde, il faut également renouveler le vocabulaire.
Grâce à ses 68 prestigieux membres, le Comité Colbert, malgré son statut d'association, a une certaine influence et joue un vrai rôle au sein de l'économie française.
L'année dernière notre exposition à Shanghai a été très bien accueillie et les présidents de nos maisons ont eu l'opportunité d'enrichir leurs contacts pour exporter le luxe français. En 2007 nous comptons nous rendre en Russie.


Avez-vous de nouveaux entrants ?

Oui chaque année, certains sortent pour diverses raisons et nous en acceptons d'autres pour leur travail qualitatif, leur savoir-faire et leur rayonnement à l'international.
C'est le cas, par exemple, de Frédéric Malle en 2007.
Janvier 2007
Par Katya PELLEGRINO
1954
Création du comité, les membres fondateurs comprenant Dior, Cartier, Guerlain, La Chaume, le Bristol...

1987
Naissance du concours Espoirs de la création

1989
1ére expo à New York

2006
69 maisons sont désormais membres du comité

25 octobre 2006
Inauguration de l'exposition à la Fiac

Le Comité Colbert
Les membres du Comité Colbert partagent une vision commune de l'importance :
· De l'ambition internationale
· Du savoir-faire authentique et exigeant
· De la création et de la créativité
· De l'éthique professionnelle