Culture


Man Ray et la mode : du 9 avril au 26 juillet 2020, au musée du Luxembourg

L’œuvre de cette grande figure de la modernité est ici présentée sous un angle méconnu. Protagoniste de la vie artistique parisienne de l’entre-deux guerres et du surréalisme en particulier, Man Ray a fait l’objet d’une importante rétrospective au Grand Palais en 1998, et d’une exposition à la Pinacothèque de Paris en 2008. Mais son œuvre n’avait jamais été explorée sous l’angle de la mode.

La genèse

Autoportrait,1932, épreuve gélatino argentique 8,5 x 5,5 cm, Collection particulière © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020

Man Ray arrive à Paris en 1921, sur les conseils de Marcel Duchamp qui l’introduit dans le milieu de l’avant-garde et dans le Tout-Paris des Années folles. Pour des raisons alimentaires, Man Ray va d’abord s’adonner avec succès au portrait mondain et glisser peu à peu des mondanités vers la mode. Son premier contact dans le monde de la mode est Paul Poiret, mais bien vite la plupart des grands couturiers vont faire appel à lui : Madeleine Vionnet, Coco Chanel, Augusta Bernard, Louise Boulanger, et surtout, Elsa Schiaparelli.

L'artiste et la photographie de mode

Affiche de l'exposition : Man Ray et la mode - logos instit

Née avec le XXe siècle, la photographie de mode est balbutiante : au début des années 1920, elle est utilitaire, documentaire et inféodée aux codes de l’illustration de mode. Rapidement, les magazines, principaux vecteurs de diffusion des modes, vont lui consacrer de plus en plus de place. Ainsi, Man Ray commence-t-il à publier ses portraits dans les chroniques mondaines de Vogue, Vanity Fair, et Vu, mais c’est Harper’s Bazaar, au cours des années 1930, qui fera de lui un photographe de mode célèbre. Ses compositions étranges, ses recadrages, jeux d’ombres et de lumière, ses solarisations, colorisations et autres expérimentations techniques vont contribuer à la création d’images oniriques et frappantes, qui s’inscriront dans des mises en page particulièrement novatrices. C’est ainsi que l’artiste offre à la mode une vision nouvelle du désir et du rêve et à la photographie de mode ses lettres de noblesse.
Figure de l’avant-garde, Man Ray est ainsi impliqué dans la culture de masse qui émerge au travers de la mode et de la publicité. L’exposition met en lumière cet enrichissement permanent entre "l’art pour l’art" et les productions assujetties à une commande. "Les Larmes" sont une publicité pour une marque de mascara.

L'exposition

Lee Miller, le visage peint © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020
Jeanne lanvin, Apollo, robe du soir 1925 © Man Ray
2015 Trust / Adagp, Paris 2020
Château Borély - Elsa Schiaparelli, manteau du soir © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020

L'exposition présente une large sélection de photographies - tirages originaux et des tirages contemporains de grand format. De courts extraits audiovisuels donnent un autre éclairage sur la mode en montrant que la manière de filmer s’émancipe aussi. Quant aux revues de mode, elles occupent une large place, afin de souligner le rôle majeur qu’elles ont tenu dans la diffusion toujours plus large d’une esthétique nouvelle.
Man Ray a tout fait pour dissimuler ce qu’il considérait comme une activité mineure, son "métier" de photographe professionnel, préférant privilégier une posture d’artiste peintre inventif et libre. Lorsqu’il pratiquait la photographie de mode, il tirait parcimonieusement, se limitant aux contacts puis seulement aux images retenues pour la publication. À cette époque, les revues étaient propriétaires non seulement de s tirages mais aussi des négatifs. La dispersion et la rareté de ces images aujourd’hui réunies dans cette exposition, leur confère un caractère exceptionnel.
Le recours à des tirages modernes pour en montrer certaines permet d’apprécier les différences entre des épreuves qui ont cependant toutes été réalisées à partir des négatifs originaux, car la photographie est un objet, et pas seulement une image.
Le parcours de l’exposition se déroule en trois temps : "Les années 1920", du portrait à la photographie de mode ; puis "Mode et publicité à la lumière du Surréalisme" et "L’apogée du photographe de mode : les années Bazaar".
Février 2020
Par Luxe Magazine