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Les Sucres d'Orge des religieuses de Moret-sur-Loing

Une des plus anciennes confiseries de France est toujours en activité à Moret-sur-Loing, en Seine-et-Marne. Sa spécialité est le Sucre d'Orge. Il était fabriqué depuis 1638 par les Religieuses Bénédictines qui y avaient fondé une maison. Ce bonbon, unique en son genre était apprécié jusqu'à la cour du Roi. Il est toujours en vente de nos jours, après avoir connu de nombreuses péripéties, grâce à la fidélité et à l'opiniâtreté d'une chaîne de passionnés.
Voici la saga d'un bonbon...
Le secret des Bénédictines

A Moret-sur-Loing vivaient des Religieuses Bénédictines dévouées à leurs patients, recherchant, afin d'alléger les souffrances, des médications conjuguant les bénéfices du sucre et de l'orge. C'est sous la direction de la première Supérieure, Elisabeth Pidoux, cousine de La Fontaine, qu'elles découvrirent le secret qui les rendit célèbres dès 1638 : un bonbon, de sucre de canne aromatisé à l'orge, additionné de vinaigre pour empêcher la cristallisation...
A la cour de Louis XIV, ce sucre d'orge faisait fureur; soignant les mots de gorge, il devint l'allié précieux des meilleurs orateurs, comme les Bossuets, massillon et autre Bourdalou.
Après avoir prospéré jusqu'en 1758 et connu une époque fort brillante, le monastère passa par nombre de vicissitudes et disparut en 1792 avec la Révolution
Du même coup, la fabrication cessa et le secret de cette fabrication sembla à jamais perdu, emporté avec les Religieuses par le flot révolutionnaire.

Le secret n'est pas perdu...

Par bonheur, après les mauvais jours, une bonne religieuse de l'ancien Prieuré de Moret, Sœur Félicité, revint avec son secret habiter ce pays qui lui était cher. Elle eut la précaution, avant de mourir, de donner par écrit la recette du Sucre d'Orge à une amie fidèle. Quand, plus tard, d'autres religieuses vinrent s'établir à Moret, la pieuse confidente, conformément à la recommandation de la religieuse défunte, s'empressa de leur confier la précieuse formule.
En 1853, grâce à l'aide désintéressée d'un ancien négociant au Brésil retiré à Moret, son pays natal, la fabrication prit un nouvel essor et selon une "Histoire de Moret", les touristes qui - déjà - "visitent la vieille petite ville de Moret, ses antiquités, son église, ses alentours, son ravissant paysage, ne la quittent point sans emporter dans leur valise quelques boîtes de cette exquise panacée."
Les vieux Morétains se souviennent quant à eux "qu'au début du siècle, les Religieuses se sont installées au coin de la Place Royale, face à l'Église, afin de fabriquer leur spécialité. Entre les années 1920 et 1950, le Sucre d'Orge connut une renommée considérable." Mais, vers 1960, les Religieuses rencontrèrent à nouveau des difficultés de toutes sortes. bien agées pour la plupart, elles durent cesser leur fabrication avant de quitter Moret en 1972...

...et il est toujours transmis

Heureusement, au cours de l'année 1970 Sœur Marie-André, la dernière dépositaire, confia le fameux Secret du Sucre d'Orge à Jean Rousseau issu d'une famille morétaine depuis bien des générations, amie intime des Religieuses de Moret, et qui de plus, tenait commerce de confiserie. Celui-ci l'a alors appris par coeur avant d'enfermer la formule dans un coffre, où son fils l'a recueilli à sa mort... et a procédé de même. Le secret est ainsi toujours vivant, et farouchement gardé!
Aujourd'hui, la S.E. Distribution Jean Rousseau est toujours présente à Moret pour perpétuer la spécialité plusieurs fois centenaire.

Un sucre cuit dans une tisane d'orge

La recette est toujours la même sauf qu'il va s'en dire que les religieuses ont fabriqué leur friandise pendant très longtemps avec un sucre de canne, puisqu'avant l'époque de Napoléon, il n'y avait pas de betteraves à sucre. Elles se servaient du sucre de canne qui venait d'Espagne à l'époque. Si l'on ouvre le dictionnaire ou un livre de cuisine, on constate également que le sucre d'orge est une qualité de bonbon, et non une forme, puisque le sucre d'orge est un sucre cuit dans une tisane d'orge, la céréale, d'où son nom, "sucre d'orge".
Le Sucre d'Orge de Moret a su garder son caractère absolument artisanal, tant par sa fabrication que par sa manutention d'emballage et sa présentation. Pour s'en convaincre on peut visiter le Musée du Sucre d'Orge des Religieuses de Moret qui retrace 300 ans de l'Histoire de Moret et du Sucre d'Orge et présente aussi une projection vidéo en continu, pour en expliquer la fabrication.
Mais le secret de sa composition n'y est pas dévoilé !
Septembre 2004
Par Yves CALMEJANE
Le Musée du Sucre d'Orge

Le Musée du Sucre d'Orge des Religieuses de Moret-sur-Loing retrace l'histoire et la fabrication de cette friandise.
Ouvert de 14h30 à 17h du lundi au samedi
du 1er mai au 30 septembre.
Ouvert le dimanche de 15h à 19h.
Tarifs : 1,60 euros par adulte et 0,80 euros par enfants.
Dégustation gratuite et vente sur place.

Distribution Jean Rousseau
5, rue du Puits du Four
77250 Moret-sur-Loing
Tél. : 01 60 70 35 63
Fax : 01 64 06 54 06

La confrérie du Sucre d'Orge de Moret-sur-Loing
Elle a vu le jour en 1997 afin de défendre les traditions et la qualité de cette sucrerie traditionnelle.
Le Sucre d' Orge des religieuses de Moret a obtenu le Grand prix de France au Salon Intersuc en 1998.
Un élixir a été créé à partir de ce sucre d'orge, alliant subtilement le goût de cette sucrerie avec le savoir faire
d'une distillerie de haute montagne pour proposer un moment de douceur gustative.

Où s'en procurer :
Dans les bonnes boulangeries et confiseries, et notamment :
aux Caves Legrand Filles et Fils, Vins et Epicerie fine
1, rue de la banque 75002 Paris
Tel. : 01 42 60 07 12