Portraits


Xavier Dumoulin, photographe de l’urgence

Xavier Dumoulin

Il suffit de regarder les photographies de Xavier Dumoulin pour comprendre que l’homme est un amoureux des grands espaces. Mais le regard que ce quadra porte sur ces paysages de bords de mer ou de haute montagne est un regard inquiet : pollution lumineuse, changements climatiques… son travail révèle, avec beaucoup de poésie, une croissante dichotomie entre l’homme et son environnement. Avec l’espoir d’initier une réflexion chez le spectateur : « Si un jour, l’une de mes photos contribue à faire évoluer l’opinion d’une seule personne, tout ça n’aura pas été vain. » dit-il.
Né en 1974, Xavier Dumoulin vit et travaille à Pau, au pied des Pyrénées et pas loin de l’Océan. Son travail est régulièrement exposé en galerie à Paris et a été récompensé par plusieurs prix: finaliste Bourse du talent en 2016 pour sa série "Limites", prix du jury Hiiibrand Photography (Chine) en 2013, prix Fubiz et lauréat Photocollection en 2012...

Quel a été votre parcours dans le monde de la photographie ?

Colline - serie incandescences

Je suis entré dans le monde de la photographie par une démarche artistique personnelle. Ca a été dans un premier temps un moyen d’expression intime suite à un déménagement et à un changement de vie. J’ai ensuite remporté quelques concours qui m’ont conforté dans ce choix et j’ai aujourd’hui la chance de travailler avec des architectes pour des photos de commande tout en poursuivant mon travail artistique.

Comment s’est développé ce travail personnel ?

Condensation - serie limites

Au départ, j’ai utilisé la photographie pour observer le monde. La série Passager de la nuit a été un premier pas vers un regard plus critique et l’expression de problématiques sociales et environnementales qui me préoccupaient. La place de l’Homme est un projet que je développe maintenant depuis près de 10 ans : je relève les traces de l’homme dans le paysage pour révéler sa place dans la société.

Comment définiriez-vous ce travail : au niveau du sujet comme de son traitement ?

Dune - serie incandescences

Mon travail est avant tout un moyen d’expression, un message pour inciter à une prise de conscience des urgences de notre époque. J’ai préféré l’onirisme et le symbolisme à la photo choc dénonciatrice afin de délivrer un message dans l’absolu et de provoquer une réflexion chez le spectateur.

Faut-il être sensible aux questions environnementales pour apprécier vos photographies ?

Faille - serie incandescences

Si ces photos ne s’adressaient qu’à des convaincus, l’expression serait limitée et frustrante. Le but est bien d’inciter à la réflexion les spectateurs quels qu’ils soient. Et si un jour, l’une de mes photos contribue à faire évoluer l’opinion d’une seule personne, tout ça n’aura pas été vain.

Quelles sont selon vous les qualités d’une bonne photographie ?

Isola - serie Passager de la nuit

Une bonne photographie doit avoir du sens et sa forme doit appuyer le message.

Quels sont les photographes ou les artistes qui vous ont le plus influencé ?

J’ai parcouru des dizaines de fois le livre de Nadav Kander sur le Yang Tse Kiang . Le fil conducteur, l’unité de lumière, ce que les photos nous disent de la Chine, la poésie qui s’en dégage en font pour moi un travail accompli et un modèle de perfection.

Où peut-on voir votre travail ?

Une sélection de tirages de la série Incandescences seront présentés par la galerie Artistics à Fotofever Paris 2018 , du 8 au 11 novembre prochains au Carrousel du Louvre. Ceux qui ne pourront pas s’y rendre peuvent découvrir mon travail sur le site de la galerie.

Parlez-nous de cette série : Incandescences.

J’ai voulu souligner la dichotomie qui existe, et de plus en plus, entre l’Homme et la nature. Symboliquement, je trouvais intéressant de faire apparaître la présence humaine sous forme de feu, d’une coulée de lave au sein d’une nature superbe sous la pleine lune.

Quel sera votre prochain projet ?

Nouveau Depart - serie Passager de la nuit

La série Incandescences (2013) s’intéressait aux causes du réchauffement climatique. La série Limites (2015) s’efforçait d’illustrer les conséquences de ce réchauffement sur le paysage. Mon prochain travail s’efforcera d’imbriquer causes et conséquences dans une même série, entre traces du réchauffement climatique et symboles du consumérisme à outrance.

Quelle est votre définition du luxe ?

Le luxe est de pouvoir vivre une vie heureuse.

Le luxe dont vous ne sauriez vous passer ?

De chaussures de montagne…
Octobre 2018