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La France remporte la 9ème Coupe du Monde de la Pâtisserie

Au Salon International de la Restauration, de l'Hôtellerie et de l'Alimentation (Sirha) à Lyon, Christophe Michalak, 31 ans, chef-pâtissier à l'hôtel Plaza-Athénée, le capitaine de l'équipe de France de Pâtisserie, a remporté la victoire en compagnie de ses deux acolytes, Philippe Rigollot, 34 ans, chef-pâtissier au restaurant Pic à Valence et Frédéric Deville, 27 ans pâtissier à Thonon-les-Bains dans l'établissement de ses parents.
Pour la deuxième fois consécutive, la France est tenante du titre. Précisons que cette coupe du monde, le concours le plus abouti et le plus prestigieux dans sa spécialité, se déroule tous les deux ans exclusivement à Lyon.
Une salle chauffée à bloc

Lundi 24 janvier, un peu avant 19 h, dans le grand "Espace concours" du hall 33 d'Euroexpo à Lyon, l'animation bat son plein. Chacune des dix-neuf équipes internationales est venue avec plusieurs dizaines de supporters créer l'ambiance dans les tribunes. Sifflets, cornes de brume, cris, applaudissements, on assiste au même chahut que pendant un match de football.
Vincent Ferniot, qui a animé durant deux jours le championnat entre les équipes venues des quatre coins du monde, proclame la première récompense - un nouveau prix créé sous le haut patronage du Président de la République, "Le Vase de Sèvres" - qui est décerné à l'équipe de France pour ses meilleures notes obtenues en dégustation. Musique, applaudissements, enthousiasme général, les trois Français montent sur le podium une première fois ravis de recevoir des mains du préfet cette récompense.
Mais le suspense est à son comble. Comme dans un championnat olympique, le jury présidé par le français Angelo Musa, vainqueur il y a deux ans de la Coupe du Monde, va remettre trois médailles par équipe : une de bronze, une d'argent et une d'or. Le bronze est attribué aux Etats-Unis (Donald Wressell, Derek Poirier et Andrew Shotts), l'argent revient aux Pays-Bas (Ivo Wolters, Jeroen Goosens et Arthur Tuytel), chaque équipe remportant respectivement 3.000 et 6.000 euros.

Victoire de la France

Puis c'est le moment crucial de la remise de la médaille d'or. Roulement de tambours pendant que Gabriel Paillasson, le président fondateur de ce championnat décachette l'enveloppe remise par huissier. Le public retient son souffle.
Le verdict tombe : "La Coupe du Monde de la Pâtisserie 2005 est attribuée à la France !" Ovation générale, feux d'artifices, musique, l'équipe de France explose de joie et rejoint le sourire aux lèvres le podium. Embrassades et félicitations. On lit cependant sur le visage de certains concurrents une vraie déception. Quelques instants plus tard, Christophe Michalak, le visage mal rasé mais rayonnant arbore le trophée créé par Antoine Arnaud. Lui et ses deux compères empoche un chèque de 9.000 euros.
C'est peu quand on sait qu'il aura fallu à l'équipe de France des centaines d'heures de travail et des dépenses dépassant les 50.000 euros pour s'entraîner dans d'excellentes conditions.

Palmarès général

On apprendra quelques minutes après la proclamation des trois premières équipes victorieuses, le palmarès général, établi points par points, décomptés en fonction des notes obtenues dans les différentes catégories : "travail", "présentation buffet", "dégustation entremets glacé ", "dégustation assiette". Ainsi, après la France, les Pays-Bas et les Etats-Unis, viennent seize équipes internationales dont le Japon, le Liban, la Corée du Sud, l'Espagne, l'Italie, le Canada, la Belgique, Singapour, la Chine, le Portugal, l'Allemagne, la Colombie, le Maroc, la Russie, la Jordanie (ces deux derniers pays participaient pour la première fois) et le Mexique.

Soirée de gala sous le signe du "Carnaval du Monde"

Un peu plus tard l'équipe de France se retrouvait à la soirée de gala organisée au palais des congrès de Lyon sous le signe du "Carnaval du monde" et le parrainage des trois partenaires de la Coupe du Monde de la Pâtisserie, les chocolats Valrhona, Ravifruit et le fabricant de cuisines professionnelles Enodis.
Un temps de détente notamment pour le vainqueur Christophe Michalak, entouré par M. Bertaud, le directeur de la restauration du Plaza-Athénée et tous ses amis pâtissiers dont Frédéric Bau et Philippe Givre de l'École du Grand Chocolat à Tain l'Hermitage, Christophe Adam, chef-pâtissier chez Fauchon et son second Christophe Appert, ou encore Vincent Bourdin, qui a fait ses classes avec lui chez Fauchon et qui aujourd'hui est l'ambassadeur de Valrhona dans l'Asie du sud.
Gabriel Paillasson pouvait alors remettre un prix de consolation aux équipes canadienne (chocolat), coréenne du sud (sucre), japonaise (glace) et marocaine (meilleure promotion). Un prix spécial proposé par quatre journalistes a été décerné à l'Espagne.

Un prix de l'élégance ?

On aurait pu également remettre un prix de l'élégance aux concurrents de l'équipe marocaine dont le capitaine est Zakaria El Badli (rompus déjà à pas mal de concours), qui sont venus chercher leur récompense tous les trois habillés d'un même costume sombre, cravate rouge et chemise blanche. Et aussi un prix d'encouragement à l'équipe russe qui a été pénalisée car son matériel, bloqué à la douane française, ne leur fut apporté qu'à peine une heure avant le début des épreuves, devant compter sur une aide généreuse des équipiers coréens. Un fâcheux incident qui en rappelle un autre. En effet, Igor Tumarkin (25 ans), le capitaine de l'équipe russe, qui a déjà gagné de nombreux concours, a vécu l'année dernière une première mésaventure : lors de sa participation à son dernier concours, un photographe a laissé tomber son appareil dans l'un de ses desserts !

Sucre, glace, chocolat

Sucre, glace, chocolat et fruits, la Coupe du Monde de la Pâtisserie est le concours le plus abouti et le plus prestigieux dans sa spécialité. Ces spécialistes dans chaque catégorie sont sélectionnés dans leurs pays respectifs au cours de compétitions régionales souvent très difficiles. Il y a deux ans, les trois Français, Angelo Musa, Elie Cazaussus et Youri Neyers, entraînés par Philippe Conticinni, avaient remporté la victoire grâce à leur buffet autour du thème du papillon.
Cette année chaque équipe devait réaliser une pièce artistique en sucre et un entremets au chocolat, une pièce de glace (nouveauté), un entremets glacé et un dessert à l'assiette. Chaque trio travaillait dans une cuisine séparée par des parois, sous le regard vigilant du public contenu dans des tribunes.
Les membres du jury de leur côté étaient attablés dans un parterre réservé à cet effet, juste devant les candidats, qui au fur et à mesure des épreuves défilent avec leurs créations.
Janvier 2005
Par Gilles BROCHARD
Christophe Michalak (sucre, capitaine de l'équipe)

Brillant pâtissier de 31 ans, très apprécié par ses amis pâtissiers pour sa gentillesse et son grand professionnalisme est aujourd'hui le chef-pâtissier de l'hôtel Plaza-Athénée à Paris, travaillant avec une équipe de de vingt-trois personnes. Formé chez Fauchon par Pierre Hermé, il l'a suivi chez Ladurée avant de collaborer avec Grégory Collet et Frédéric Bau, le chef-pâtissier responsable de l'École du Grand Chocolat chez Valrhona (partenaire de la Coupe du monde de la Pâtisserie).
Il a beaucoup voyagé à l'étranger, notamment au Japon et aux Etats-Unis pour promouvoir la création pâtissière française. Il obtient ainsi sa première grande victoire, après avoir été demi-finaliste de la Coupe de France de Pâtisserie en 1997 et meilleur apprenti départemental à Angers en 1991.

Philippe Rigollot (chocolat)

Après un apprentissage dès l'âge de quinze ans, Philippe Rigollot (34 ans) "persévérant mais peu, communicatif" comme il le dit de lui-même, entre au centre de production Lenôtre cinq ans plus tard. Il est alors responsable de l'équipe de nuit pour la production des entremets de la Coupe du monde de Football en France 1998. La même année il entre au Pré Catelan auprès du chef Frédéric Anton, restaurant du bois de Boulogne qui obtient l'année suivante sa deuxième étoile. En 2000, il rejoint devient le chef-pâtissier du restaurant Pic à Valence (2 étoiles au Michelin).

Frédéric Deville (glace)

Cadet de l'équipe de France (27 ans), il est travaille auprès de ses parents dans leur pâtisserie. Il a eu pendant la Coupe du Monde la tâche de tailler le bloc de glace hyfrique et de confectionner la bombe glacée, connaissance transmise par son père Michel Deville, Meilleur Ouvrier de France Glacier en 1997. Titulaire d'un CAP pâtissier, glacier et chocolatier, il a suivi une formation à l'école d'Yssingeaux. En 1996, il a été le lauréat de la coupe "Les Mains d'Or" et en 2000 il remportait la médaille d'argent du championnat de France junior.