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Les parfums de Victoire, "nez" sur le tard

Les parfums de Victoire Gobin-Daudé aux noms évocateurs de Sève Exquise ou Jardins Ottomans sont des instants de nature. Leur créatrice, femme passionnée, apprécie la vie et tout ce qui la compose. Elle est à l'écoute des plantes, des animaux, des ondes de la terre et surtout des gens. Elle est avant tout une femme qui aime.
L'éducation du cœur

Enfant, rien ne la prédispose à sa future vocation de "nez" même si c'est à ce moment là qu'elle engrange toutes les odeurs et sensations qu'elle recrée aujourd'hui dans ses fragrances.
Sa mère, grande voyageuse, artiste et mécène, achète de somptueuses demeures, les décore, les revend et repart vers une autre destination, du Canada à la Suisse en passant par le Maroc. A 9 ans, escale à Marrakech. Maman retape un palais que lui a cédé Paul Getty. La petite fille fréquente les jardiniers, apprend à peindre les miniatures avec les hommes de l'art, s'émerveille des oiseaux, s'enivre d'essences, ressent les matins frais et les journées étouffantes.
De son milieu aisé et raffiné, elle reçoit une éducation classique, rigide mais aussi ouverte sur le monde. Sa mère donne des fêtes où conteurs, musiciens et artistes célèbres comme Brel ou les frères Giacometti, se croisent.
A l'aise partout, curieuse de tout, elle garde de ces années cosmopolites, la certitude que l'éducation du cœur est la plus importante. Ce perpétuel déménagement ne la perturbe pas, au contraire, il la projette toujours vers l'avant, vers l'avenir.

"Une chance extraordinaire"

A 20 ans, adepte des arts martiaux, ceinture noire d'Aïkido, elle veut partir en moto en Asie du Sud-Est et pour se faire quelques sous, entre chez Pierre Cardin. "Il m'a regardée de la tête aux pieds et m'a engagée en une minute. Une chance extraordinaire".
Elle devient le bras droit de cet homme à l'énergie et au charisme fantastiques. "Tout ce qu'il pensait, il le réalisait." Elle s'occupe, au sein d'une équipe internationale qui lui rappelle son enfance, de la création des lignes, des défilés, de Maxim's. Elle apprend tout sur le tas.
Au bout de 8 ans intenses, la jeune femme éprouve le besoin, après s'être beaucoup occupée des autres, de réaliser des choses pour elle, de reprendre des études, d'apprendre.

Des kanji au parfum

Du jour au lendemain, elle quitte Cardin, et se lance dans la complexe étude du japonais, attirée par la culture et les caractères "très beaux". L'apprentissage des kanji lui demande 10 à 12 heures par jour. Grâce à cela, elle développe sa mémoire et une très forte capacité de concentration.
Intéressée par les plantes, leur système de communication, leurs qualités médicinales, elle visite un arboretum en Belgique. De cette rencontre avec les personnes qui importent les arbres, les croisent et les étudient, lui vient l'idée de créer des parfums.
Jusque là, elle n'y avait pas songé, même chez Cardin.

Des voyages qu'elle se sent seule à pouvoir créer

Le puzzle est complet. Comme si tout son parcours l'a amené là : toutes les odeurs, les ambiances, les atmosphères, la cuisine de tous ces pays où elle a séjourné vont se retrouver dans ses "jus". Pour elle, ses effluves seront des voyages qu'elle se sent seule à pouvoir créer. Elle s'embarque dans le parfum, à fond.
Elle va chercher des échantillons dans les laboratoires, note les impressions qu'ils évoquent pour elle dans un carnet, potasse les livres, entasse les fioles. Convaincus par sa passion, les parfumeurs lui enseignent à peser, à formuler. En adepte de la médecine tibétaine, elle apprend les matières premières et leur énergie correspondante.
"Travailler du parfum, c'est communiquer l'énergie des plantes, apporter du bonheur, de la douceur. Ma mission de création est aussi mission de donner du bien-être."

"Des mouvements qui dansent sur la peau"

Sa formation empirique lui permet de ne pas avoir de schéma prédéfini dans la tête. Elle décide de ne se servir que de matières naturelles pour obtenir le caractère authentique qu'on trouve dans la nature. Elle vérifie leur délicatesse et leur rapport à la peau. Ses "odeurs" comme elle préfère appeler ces effluves, ne se superposent pas à la peau, elles s'y insinuent, s'y glissent pour y exalter sa douceur. "Ces matières, de 50 à 80 par parfum, sont autant de mouvements qui dansent sur la peau, qui évoluent de façon turbulente qui font que "l'odeur" devient unique sur chaque personne."

Des accords qui parlent au cœur et aux sens

Pendant trois ans, Victoire entre dans les ordres. Sur une idée, elle peut passer six heures d'affilée dans son laboratoire situé au-dessus de chez elle.
Elle recherche avant tout des odeurs de la nature, très sensuelles, sexuelles même qui rejoignent les facettes animales qui existent en nous et dont nous avons besoin. Des accords qui stimulent l'odorat et l'imaginaire, qui parlent au cœur et aux sens.
Elle compose ses eaux de toilette comme elle aime à déambuler dans tous les quartiers pour leur réalité, comme elle aime à réunir des objets, des personnes différentes pour que, surtout, ils cohabitent en harmonie.

"Des parfums luxueux mais pas élitistes"

Sa création procède de la vision et de l'intuition. Pour Biche dans l'Absinthe elle a réussi à évoquer une sensation de pelage roux, de finesse, d'élégance et d'animal effarouché. Elle part d'une base de quatre à cinq matières : bois d'aggar qu'on fait brûler dans le désert avant l'amour, bourgeon de peuplier, buis, puis construit son parfum par touche jusqu'à sa finalisation. Pas de conservateur, pas de colorant. Ces parfums, instants de nature, bien qu'ils ne soient pas unisexes, plaisent aux hommes et aux femmes parce qu'ils possèdent en eux un côté sensuel.
"J'aime la beauté et le luxe pour la qualité esthétique; je fais des parfums luxueux mais pas élitistes en espérant donner du bien-être à ceux qui les adoptent."
Décembre 2005
Par Véronique GUICHARD
Gobin Daudé Parfums
34, rue de Penthièvre
75008 Paris
Tel. : 33(0)142250386
Fax  : 33(0)142250669
Email  : gobin.daude@wanadoo.fr

En vente notamment au Printemps