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Les bonnes résolutions de notre coach Patrick Mila

Avez-vous tenu vos résolutions sportives ? Comme chaque année, en voyant votre reflet dans le miroir, en regardant vos fessiers tomber, votre ventre manquer de tonus ou vos pantalons et robes trop petits, vous vous dites : «  cette année, je commence le sport pour perdre quelques kilos et me sculpter ! » Un mois après avoir souhaité la bonne année, où en êtes-vous ?


Finalement pas le temps, trop dur, ce n’est toujours pas pour moi. Je commence déjà par arrêter de fumer, on verra après. En somme, beaucoup d’abandons. La raison ? Souvent une mauvaise méthode pour commencer. Quelques cas de figures qui conduisent à un échec :

- L’impatience : Souvent, on voudrait que la perte de poids se fasse aussi vite que la prise. On part avec plein d’espoirs. On enlève la poussière de la balance et on se pèse tous les quarts d’heure. Un petit footing, vite on se pèse, un thé sucré, vite on se pèse. Trois jours après, on aimerait faire un centimètre de moins, un millimètre de moins, rentrer dans du 34. On se dit finalement que ça ne sert à rien, que ce n’est pas assez rapide. On est découragé et l’abandon arrive comme un mur dans une impasse.

- L’hyperactivité : Arrive le premier janvier, plein de courage, on a déjà épluché toutes les offres de fitness de la ville. Déjà au courant, tel cours fait maigrir, tel cours renforce les muscles. Le planning de la semaine est déjà établi. Premier jour, ça passe, on enchaîne deux cours. Le deuxième jour, on enchaîne trois cours. A la fin de la semaine, on a déjà tout testé. Pas la peine de demander au coach de la salle un programme ou des conseils. On sait ce qu’on doit faire. On arrive à la maison, le sac de sport déjà prêt. Les enfants sont agaçants. Au travail, on explose à la moindre contrariété. On maigrit (?) vite, on n’a plus de temps de manger. On a des cernes. On est fatigué … Trop fatigué. C’est alors qu’un beau jour, on n’a plus envie. On laisse le badge de la salle de sport dans le tiroir, mais juste pour aujourd’hui. On se sent mieux. On le ressort mais on culpabilise de la veille. On n’a pas été au sport. On se donne encore plus qu’avant. La fatigue est encore plus intense. On n’a plus envie. Cette fois ci, on laisse le badge plus longtemps dans le tiroir, jusqu’au jour où en cherchant quelque chose, on retrouve des mois après, le fameux badge se moquant de nous d’avoir repris les kilos perdus.



- Je me sous-estime : « Le sport, ça n’a jamais été pour moi. Ce n’est pas maintenant que ça va changer. Je ne peux pas aller dans ce cours, c’est trop intense et on va surtout se moquer de moi. Je vais plutôt faire un peu de tapis dans mon coin. Je ne dérangerai personne et surtout je ne serai pas dérangé. J’irai à mon rythme. Sur ma machine seul(e), je m’ennuie. J’ai encore rien perdu. Le sport ça ne sert à rien".


- Je me surestime : « le sport c’est trop facile, ton cours où on saute partout, je le fais quand je veux. » C’est le moment où commence le cours, on se donne tellement pour ne pas perdre la face. On est à bout de souffle, le coach a dit que c’était intense, qu’il fallait faire des pauses. Les pauses, ça n’est pas pour moi. Moi je vais à fond, moi j’ai du courage, moi j’ai de la condition physique, moi je ne lâche jamais. La chanson 7 est finie, le coach annonce que la plus cardio arrive. Mais on est au bout du rouleau, près de vomir. On pense tout bas : « tiens, tu vas voir, monsieur le coach, je suis meilleur que tu ne le penses ». Alors on s’élance, ça devient intense, très intense, trop intense. On est obligé de s’arrêter. La tête tourne. On est alors très vexé et c’est le moment où on se dit que ce cours est un cours de fous. "Moi qui suis raisonnable, moi je n’ai pas de temps à y perdre."



- La surprise de la douleur: On n’a jamais fait de sport de sa vie, ou il y a très longtemps et on ne s’en souvient pas. On n’a jamais aimé la douleur. D’ailleurs qui pourrait aimer ça ? Quand ça fait mal, on arrête. Il n’y a que les fous pour continuer. On trouve totalement absurde l’idée de pouvoir se faire du bien en se faisant du mal. On va à la salle de sport mais on prévient, on va à son propre rythme. On va faire du pilates parce que c’est du renforcement doux, et on va faire du streching parce que ça semble zen. On prend son tapis et on s’installe dessus. Le cours commence, c’est un cours lent. On s’arrête au bout du quatrième mouvement car c’est la première fois qu’on a mal comme ça. Le coach dit qu’il faut sentir les abdominaux mais nous on ne sent pas. On souffre. On se demande si c’est pas une maladie. Le pilates n’est peut être pas fait pour nous. On va se rattraper au streching. Voila un cours pour nous. Il y a des bougies dans la salle. On s’installe pour l’échauffement. On passe à la première posture, étirement des adducteurs. Le coach nous dit qu’il faut sentir l’étirement sur la partie interne de la cuisse. Nous on ne sent pas. On explose en se disant qu’on n’est pas là pour expérimenter les écartèlements du Moyen-Age. On arrête. On n’a plus envie.



Des profils d’abandon, il y en a d’autres. L’objectif n’est pas de les lister mais d’apporter quelques éléments de réponse afin qu‘on puisse reprendre une activité physique nécessaire à la santé et de prévenir les futurs abandons.

Les conseils :

- Avant de commencer une activité physique, ayez des objectifs clairs et atteignables. Les objectifs seront tenus s’ils vous concernent. Faites-le pour vous, les autres ne doivent être qu’une motivation supplémentaire. Construisez une échelle d’objectifs. Vous pouvez avoir envie de perdre 20kg mais il faut d’abord avoir l’objectif de perdre le premier. Donnez vous également des échéances raisonnées pour réaliser ces objectifs, cela vous motivera. Faites vous aider par les professionnels afin de construire ce calendrier.



- Avant et pendant votre reprise sportive, ayez un suivi médical, médecin, kinésithérapeute, ostéopathe, afin qu’ils préviennent les éventuelles blessures et autres problématiques sans tomber dans la démesure.
- Trouvez votre activité favorite pour garder l’envie d’en faire.
- Comprenez que les objectifs sportifs n’impliquent pas seulement la pratique physique, qu’elle s’accompagne d’une hygiène de vie plus soignée : alimentation et sommeil.
- Adaptez votre pratique à votre objectif : la perte de poids par exemple ne se résume pas à des cours de streching.
- Révisez vos croyances sportives, courir pour maigrir n’est peut être pas la meilleure des solutions. Renseignez-vous au maximum. C’est votre corps, pour la santé, pour l’efficacité, cela en vaut la peine.
- N’attendez pas demain pour commencer. La procrastination est une vilaine maladie.
- Etre sportif, cela s’assume même si l’entourage a du mal à l’accepter.
- Mesurez vos progrès, changements physiques, psychologiques, compétences physiques.
- Armez vous de patience, les résultats n’arrivent pas comme une fève dans une galette des rois au bout de deux bouchées.
- Prenez le temps de commencer à votre rythme et goûtez progressivement au plaisir du dépassement de soi. Vous serez surpris et fier de découvrir des choses en vous.
- Essayez avant de dire que vous ne pouvez pas.
- Raccrochez vous à votre fonctionnement psychologique. Raisonnez si vous êtes un mental, vibrez si vous êtes un émotionnel. Le sport a de quoi satisfaire chacun d’entre vous.
Il vous faudra une dose de courage, une dose d’envie, une dose de motivation. Le voyage peut commencer et vous offrir des merveilles sur le chemin. Vous sentez-vous capable d’agir ? Alors agissez !

Patrick Mila
Février 2018
Patrick Mila a un parcours atypique, pour beaucoup, un parcours multidirectionnel : professeur de français, chercheur en psychosociolinguistique et en sémantique, coach sportif et mental à Paris.