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Sport, motivation et abandon

Chaque année, de bonnes résolutions sportives sont prises, janvier et septembre pour les nouvelles années civiles et scolaires, mai pour l’objectif maillot de l’été. Les salles de remise en forme réalisent des taux d’inscription qui atteignent des sommets. Les coaches privés sont alors très sollicités. Les inscriptions sur les applications se multiplient. L’objectif qui revient souvent… perdre du poids. Malheureusement, les résolutions se froissent, perdent de leur éclat, s’étiolent… La majorité abandonne… Motivation/Abandon… Qu’est-ce qui nous fait prendre telle ou telle direction ?

Quelles raisons d’abandonner ?



Les études évoquent de nombreuses raisons d’abandon : « Autre chose à faire », « Pas aussi bon que je ne le pensais », « Pas assez amusant », « Je n’aimais pas l’entraineur », « Entrainement trop dur », « Pas assez intéressant »…
Plusieurs sources d’abandon sont à déplorer :

Le conflit d’intérêt, comme le fait de ne pas avoir le temps de tout faire par exemple.
Le manque de compétence : le fait de ne pas être bon ou bien, de ne pas ressentir de progression
L'ennui : le manque de plaisir, pas assez stimulant
La pression excessive : manque d’autonomie
La mauvaise ambiance, le conflit
Les causes externes : la blessure, le déménagement…




Le constat est clair, beaucoup d’éléments peuvent mener à l’abandon de la pratique sportive. La liste est longue bien que non exhaustive. D’autres peuvent forcément venir s’ajouter : s’occuper des enfants, l’appel irrésistible du canapé, les sorties entre amis, faire du sport seul…

La motivation

Elle regroupe l’ensemble des facteurs psychologiques, individuels ou collectifs, conscients ou non pour atteindre un objectif ou faire une activité. Concernant la motivation, les chercheurs en psychologie ont établi un continuum sur lequel l’individu se trouve afin de réaliser une activité donnée.



Plus la motivation serait intrinsèque (à gauche du schéma), plus la motivation serait persistante. A l’inverse, plus la motivation est extrinsèque voire non motivée, plus l’abandon est fréquent. Le sentiment de contrainte se fait ressentir. Par ailleurs, le sport apporte son lot de douleurs, courbatures, fatigue… Ces éléments sont en effet très difficiles à supporter dans le cas d’amotivation. Il est important de changer alors sa perception.
Satisfaire trois besoins psychologiques serait la formule pour maintenir la motivation.



L’autonomie, c’est-à-dire être décideur de son action, en être à l’origine. Favoriser le libre arbitre plutôt que la contrainte.
La compétence, interagir efficacement avec son environnement. Plus le coach met l’accent sur la maîtrise et le progrès et non pas sur la comparaison par exemple, plus la motivation est autodéterminée. Le pratiquant doit avoir le sentiment d’apprendre quelque chose, de progresser.
La proximité sociale, être connecté aux autres, avoir une atmosphère qui soude le groupe.

Expériences et conseils de coach



Pour être motivé(e), il est important que vous fassiez une activité qui vous plaise et à laquelle vous donnez votre engagement. Une pratique sportive sera de toute façon bénéfique, au moins du point de vue psychologique. Une petite mise en garde cependant, j’ai vu bien souvent des gens sortant de salles de remise en forme désespérés, me disant qu’ils ne comprennent pas pourquoi ils ne perdent pas de poids ou n’ont pas de résultats esthétiques ou de performances. Il est alors important de rendre à César ce qui est à César. Un programme sportif s’accompagne d’un plan alimentaire : se jeter sur un baba au rhum après sa séance peut effacer vos efforts. Sans être dans l’exagération, contrôler son alimentation décuple l’efficacité sportive.



Au profit du fun, beaucoup de coaches ne vous informent en rien (telle méthode plutôt qu’une autre en vue de vos objectifs) ; « Je fais tous les cours cardio qui existent, je cours sur un tapis trois fois par semaine mais rien ne marche ». Posez-vous et posez-lui des questions… Même si vous suivez le principe « Je t’ai demandé de m’éclairer pas de m’éblouir », plus vous comprendrez les fonctionnements de votre entraînement plus vous serez motivés. Savoir pourquoi vous faites les choses vous motivera.
Faites les choses pour vous, lorsque c’est dur, ne pensez à personne d’autre que vous, vos objectifs. Accrochez-vous. Dites-vous que vous méritez ce travail, que vous valez la peine que quelqu’un (vous-même) fasse cela pour vous. Cette détermination que vous allez au fur et à mesure acquérir va renforcer votre mental, confiance en vous, estime de vous. Et vous allez transférer cette compétence dans votre sphère privée et professionnelle.



Faites des activités à plusieurs, le contact avec les autres sera bénéfique, l’émulation de groupe est un facteur motivant. Le plus grand conseil est surtout de chercher votre propre fonctionnement. N’ayez pas peur de procéder par essai, erreur, explorez vos pistes de motivations, n’oubliez pas que la motivation est individuelle. Votre éducation, votre environnement, votre parcours de vie, votre personnalité, tout ce qui vous touche détermine votre fonctionnement. Apprenez-vous !

Patrick Mila
Avril 2017
Patrick Mila a un parcours atypique, pour beaucoup, un parcours multidirectionnel : professeur de français, chercheur en psychosociolinguistique et en sémantique, coach sportif et mental à Paris.

Sources

Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2000). Self-determination theory and the facilitation of intrinsic motivation, social development, and well-being. American Psychologist, 55, 68–78.
Gould, D., Feltz, D., Horn, T., & Weiss, M. R. (1982). Reasons for attrition in competitive youth swimming. Journal of Sport Behavior, 5, 155-165.
Gould, D., & Petlichkoff, L. (1988). Participation motivation and attrition in young athletes. In F. Smoll, R. Magill, & M. Ash (Eds.), Children in sport 3rd (pp. 161-178). Champaign, IL : Human Kinetics