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L'Hôtel de la Paix

Antoine Renardias, le propriétaire, n’est pas du genre à s’encombrer des modes. Il sait ce qu’il veut : maintenir l’habitude d’une courtoisie aussi parfaite que discrète. "L’histoire des lieux commence avec mon arrière-grand-père, un auvergnat. Il achète en 1900 le café du Progrès situé à deux pas de la cathédrale. De retour de la Grande Guerre, surprenant d’optimisme, il change le nom en "Restaurant Café de la Paix" et se lance dans l’hôtellerie : il ouvre l’Hôtel de la Paix." Avec le temps, les toits sont rechapeautés de neuf, les pierres des façades rebichonnées, tandis qu’à l’intérieur s’offre tout le confort et même plus. Le jardin d’hiver attenant à la terrasse donne sur une ancienne chapelle désacralisée. Voûtes, linteaux, ont été gardés mais les lieux ont fait place à des salles de séminaires, endroit original pour organiser des événements. Tout cela finit par avoir une certaine gueule.



Champagne et confort du lieu séduisent à coup sûr l’amateur tout comme le néophyte. Rénové en été 2016 par le décorateur Jean-Philippe Nuel, le bar La Paix avec ses touches de couleur qui évoquent le breuvage à bulles emblématique des fêtes est l’endroit idéal pour invoquer les mânes de Dom Pérignon à Hautvillers. Doré, rose…
C’est maintenant au tour des 165 chambres réparties en 4 catégories, (de la chambre Privilège à la chambre Deluxe en passant par la chambre Tradition) de se refaire une beauté. L’espace est structuré avec la couleur.



Autre nouveauté : les chambres jouent les variations sur un même thème avec un minimalisme raffiné : lit au milieu de la pièce, couleur des murs métissées ocre jaune (comme le champagne), "et le reste sobre avec un jeu de lamelles en bois et du béton brut". Les salles de bains sont au diapason de cette opalescence : murs gris clair avec une vasque blanche tout en longueur et des douches à l’italienne. Les fenêtres se transforment en cadres, dévoilant divers aspects de la ville comme des tableaux. L’art et le savoir-faire de Nuel font cohabiter fonctionnalité et confort chaleureux.

Plongée dans un monde pétillant : Taittinger

Taittinger c’est un vignoble de 288 hectares, principalement composé de Chardonnay (40 % des surfaces) avec un extraordinaire Comtes de Champagne Blanc de Blanc. Le château de la Marquetterie, face à la Côte des Blancs, est propriété de la famille Taittinger depuis la fin de la première guerre mondiale. Cette gentilhommière construite en 1734 s’accroche aux flancs d’un coteau garni de vignes. A l’automne, les taches rouges et jaunes ressemblent à un échiquier. Alors on a imaginé la bouteille de champagne comme une toile. Et on a fait se rencontrer un artiste et une grande cuvée millésimée. De ces mystérieuses rencontres est née la Taittinger Collection avec en têtes d’affiche des maîtres de l’art contemporain comme Roy Lichtenstein (1990), Zao Wou Ki (2003), Rauschenberg (2007), Amadou Sow (2011) … ou en 2016, le photographe Sebastiao Salgado.
Art toujours puisque la famille Taittinger joue un rôle dans le mécénat culturel à Reims. La cathédrale Notre-Dame en bénéficie avec notamment la restauration de la Grande Rose.



Siège du Champagne Taittinger, la butte et les vestiges de l’abbaye Saint-Nicaise dont ne subsistent plus que la crypte et les caveaux. Dans les bâtiments Art Déco d’origine, on accueille les touristes pour la visite des caves. Descendre jusqu’à 18 mètres sous terre, c’est croiser l’esprit des moines qui y travaillaient au 13e siècle et pénétrer ces crayères creusées à l’époque gallo-romaine. Vers quelle Eurydice descend ce long escalier ? Vous voilà Orphée, happé par le délicieux labyrinthe des caves Taittinger. 4,5 kilomètres de galeries voûtées où sommeille à l’abri de la lumière la cuvée des Comtes de Champagne, 2 000 bouteilles millésimées et les gros flaconnages.



A chaque fois qu’un bouchon de Champagne saute, on dit qu’une âme s’élève. Sans doute l’âme des moines bénédictins qui habite encore les vestiges de l’Abbaye Saint-Nicaise. La dégustation a lieu dans un salon. Nous goûtons trois cuvées : le Brut Réserve, champagne de tous les instants, la cuvée Brut Millésimée (récolte 2005) idéale au moment de l’apéritif et le Taittinger Nocturne (sec) à la robe jaune pâle, parfait pour les fins de soirées. Le bouquet est une promesse mais c’est le goût qui donne du bonheur.

D comme Dégustation dans des maisons encore familiales

Le champagne serait le vin de toutes les occasions. C’est aussi "l'écume pétillante " dont Voltaire disait qu'elle était l'image brillante de l'esprit français. Alors célébrons-le dans deux maisons encore familiales. A Damery, tout près d’Epernay, le domaine "J. De Telmont" propose une visite initiatique. Des préludes à l’assemblage en passant par l’histoire du vignoble et une dégustation de champagnes accompagnés de mets fins. Ces ateliers Champagne sont des moments de découverte et de plaisir partagés.



Chez Julien Chopin, maison fondée en 1947, le cœur balance entre champagne et ratafia. Le vignoble est implanté sur deux terroirs réputés. Dans les coteaux sud d'Epernay où le Pinot Meunier est roi (villages de Monthelon, Mancy et Moussy) et dans la Côte des Blancs, pays du Chardonnay (villages de Chouilly, Cuis et Grauves). Julien Chopin propose un accord fromage/champagne, arrosé d’un petit verre de ratafia champenois Chardonnay, Pinot noir ou Meunier.

Michèle Lasseur