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Portrait Jean-Pierre Le Goff

Dans le regard vif et malicieux, on devine l’espièglerie de l’enfance, dont il a su garder la précieuse fraîcheur. Qu’on ne s’y trompe pas : Jean-Pierre Le Goff est aussi un chef d’entreprise avisé, familier des allées du pouvoir mais résolument libre, rompu au milieu des affaires et bouillonnant d’idées. Sachant aussi prendre des risques pour sauver du naufrage une entreprise quand plus personne d’autre n’y croit. Une forte personnalité, un parcours atypique, pour la singularité d’un homme qui a su avant tout rester proche des autres et fidèle à des valeurs authentiques.

De Paris à la Bretagne, en passant par la Californie

Né à Paris, Jean-Pierre Le Goff y poursuit ses études puis intègre l’Ecole Centrale de Nantes, d’où il sortira Ingénieur en Hydrodynamique Navale. Après un service militaireau Ministère de la Défense/DGA en tant que Scientifique du contingent à la Direction des Recherches, Etudes et Techniques (DRET), il y sera embauché et sera en charge des recherches amont dans le domaine naval en hydrodynamique et acoustique. Détaché pendant un an en Californie à l’US Naval Postgraduate School (Carmel-Monterey), il y mène des recherches sur les problèmes de vibrations de systèmes remorqués et de sillage thermique de sous-marins. C’est en 1986 qu’il deviendra créateur d’entreprise, et non des moindres : constatant le manque d’efficacité du transfert de la recherche vers l’industrie dans notre pays, il crée en 1986 la société SIREHNA (Société d’Ingénierie, de recherche et d’étude en hydrodynamique navale) : c’est la première société à mêler au capital des institutions de recherche (Ecole Centrale de Nantes, IFREMER), des chercheurs de différents laboratoires, des industriels (Chantiers de l’Atlantique, THALES), une banque (CIC) et la CCI de Nantes… Modèle qui inspirera 25 ans plus tard par celui des SATT (Structures d’accélération de transfert de technologies), actuellement retenu dans le Grand Emprunt pour les Investissements d’Avenir.


L’homme providentiel

Jean-Pierre Le Goff
a quitté SIREHNA fin 2010. Il est aujourd’hui à la tête de la holding CIRANOE, à travers laquelle il pilote plusieurs entreprises. Parmi elles, trois reprises récentes dans le Finistère. C’est d’abord en 2011 le chantier naval Sibiril à Carantec, devenu depuis SIBIRIL Technologies, qui construit notamment les vedettes de la SNSM : après un dépôt de bilan début 2011, l’activité est durablement repartie et fabrique "de bons bateaux costauds pour les marins qui naviguent par tous les temps". Puis en 2012, c’est le sauvetage providentiel de la célèbre manufacture de céramiques Henriot à Quimper (mais si, vous savez, le fameux bol avec des oreilles et votre prénom peint à la main !). Fondée en 1690, l’entreprise semblait vouée à la disparition, et les conseilleurs avisés n’ont pas manqué d’avertir Jean-Pierre Le Goff de l’impossibilité de l’entreprise. C’était mal le connaître : reprenant dans la foulée la Faïencerie d’Art Breton, concurrent historique de Henriot, fort mal en point aussi, il fait le pari de moderniser la célèbre faïence de Quimper tout en s’enracinant dans la tradition. De désuète, la faïence devient design, objet de décoration, œuvre d’art, bijou.... Et ce n’est que le début de la renaissance : qu’on se le dise, Henriot Quimper va créer la surprise, et Jean-Pierre Le Goff n’est pas à court d’idées sur les moyens d’y parvenir ! Des défis tous azimuts, relevés haut la main par un homme qui refuse de se dire chef d’entreprise – « Je n’ai jamais cherché à gagner de l’argent » - mais qui se dit attaché à la Bretagne, et riche du trésor du laboureur : le travail. 

Gwenola Lemoine


Juin 2013