Golf

Dans la Baie du Mont Saint Michel.

Ici les puristes sont comblés. C’est en effet une sorte de retour aux sources du golf que l’on vient pratiquer lorsque l’on se déplace dans ce coin du Cotentin pour assouvir sa passion.
Créé en 1912, le golf fût peaufiné en 1920 par les célèbres architectes Anglais Harry Colt et Charles Hugh Alison. Pouvaient-ils imaginer alors, en concevant un parcours sur ces dunes sauvages battues par le vent, que cent ans après sa création le golf de Granville figurerait parmi les plus beaux links de France, sinon le plus beau et le plus agréable à jouer ?
Après avoir subi les vicissitudes de deux guerres mondiales et de nombreuses restaurations, le parcours continue aujourd’hui d’évoluer afin de s’adapter au jeu moderne. Déjà en 2008 quelques bunkers ont été créés, d’autres réaménagés, tous sont aujourd’hui redoutables et très bien entretenus. Le trou N°14, sur lequel un nouveau green a été construit, pourrait être allongé dès l’année prochaine. Il n’est pas évident de le « toucher » en deux. Le trou N°6 pourrait lui aussi devenir plus long avec le recul de son green. « Nous n’avons pas la prétention de rentrer dans les créneaux très exigeants des compétitions réservées aux pros, mais nous avons reçu de grandes épreuves amateurs comme cette année la « Gounouilhou » qui réunit les meilleurs joueurs des plus grands clubs Français. Beaucoup d’entre eux ne connaissaient pas le parcours. Ils m’ont dit s’être régalés. Ils vont en parler dans leur club, ce sont nos meilleurs ambassadeurs. » se plait à dire Jean Capelle, le truculent et énergique Président, passionné par son club.

Trompe l’œil.

Le parcours est bien rythmé. Les mouvements dunaires font que l’on se retrouve plus ou moins alternativement sur des fairways en cuvette où sur des mamelons battus par Eole. Dans les cuvettes, toute balle haute peut subir les caprices d’un vent insoupçonné qui peut surprendre, comme sur les trous N°1 et 7 pour ne citer qu’eux. Sur les hauteurs, il faut calculer ses coups toujours en fonction du vent et surtout ne jamais se laisser distraire par la beauté du site. Surtout au départ du 6, le trou signature du parcours, d’où l’on aperçoit Granville et son rocher, les plages à perte de vue, l’archipel de Chausey et par temps clair les îles Anglo-Normandes à l’horizon. Que dire des quatre doglegs (trois à l’aller et un au retour), sinon qu’il faut bien connaître la longueur de ses coups avant de tenter de plus ou moins les couper tant les hauts roughs aux tons verts et jaunes dégradés, ondulant sous le vent, provoquent un curieux effet de trompe-l’œil. La sagesse prévaut ici, notamment sur le trou N°5. Quant aux greens, ils sont rapides et malicieux, avec des avant-greens favorisant les amateurs d’approches roulées tant prisées des golfeurs écossais.
Tout au long des 18 trous, remarquablement entretenus, on ne peut s’empêcher d’admirer également la flore sauvage préservée par une attention particulière afin que le parcours reste dans son jus : «Situé sur une zone de protection du littoral, en plus du respect de la flore et de la faune, nous avons une interdiction totale d’utiliser les produits pesticides » aime à rappeler Stéphane Rouen le greenkeeper, « c’est un challenge très intéressant pour toute l’équipe que de partir dans cette voie ». Ainsi au hasard d’une recherche de balle dans le rough peut-on découvrir « des saules rampants, appelés glinettes, des orchidées très rares, du lotier ou des géraniums lierres… ».

L’avenir du centenaire.

Comme le dit Jean Capelle : « C’est avec optimisme que l’on aborde le deuxième siècle d’existence du club, et il reste encore beaucoup de choses à faire ! ». Plusieurs chantiers sont en préparation, à commencer par la rénovation du deuxième parcours, un 9 trous, joliment dénommé « Le bord de mer », et la réfection du club-house au charme très british mais hélas suranné. Les vestiaires, qui en avaient bien besoin, vont ainsi rajeunir ainsi que la salle de restaurant. Un restaurant, « L’Albatros », digne des plus grandes tables de la région. Son chef, le volubile Alain Duval, régale ses hôtes des meilleurs produits locaux de la mer et de la terre. Un arrêt obligatoire pour les golfeurs (et non golfeurs) gastronomes !
Enfin, à une longueur de par 5 du club-house, un hôtel et une thalasso doivent voir le jour en 2013. Une manière pour le golf d’entamer son deuxième siècle sous d’heureux auspices.
Et puis, comme il n’y a pas que le golf dans la vie, une visite au jardin et musée Christian Dior, installé dans la maison d’enfance du grand couturier à Granville, s’impose, suivie ou précédée d’une excursion dans le très bel archipel de Chausey que l’on atteint après une traversée en vedette de 45 minutes. La visite du Mont Saint Michel pouvant être le point d’orgue de cette escapade golfique.
Bref, venir jouer à Granville procure un grand plaisir, quels que soient les caprices du temps. « Sur chaque trou, vous ne prenez jamais le même club chaque jour. Donc vous avez l’impression de jouer un parcours différent ! » s’enthousiasme le président Capelle. S’il est vrai qu’il est toujours plus agréable de pratiquer le golf sous un beau soleil, ce qui arrive à Granville plus souvent qu’on ne le croit, l’idéal pour tout bon « golf trotter » qui se respecte consiste au moins à jouer ce parcours deux jours de suite pour avoir une chance de connaître quelques unes de ses différentes facettes, et toujours « les pieds au sec » comme on dit là-bas, grâce au vent et au sable !