Portraits


Sultan Mohammed Al Habtoor : un Emirati moderne et épris d’Art

Silhouette longiligne, look à l’européenne, sourire accroché à ses lèvres, Mohammed sultan Al Habtoor est loin de l'image traditionnelle que l'on peut se faire d’un émirati. Issu de la Royal Military Académie (il fut officier de l'armée aux commandes des opérations spéciales aux Emirats), il est l’aîné d’une illustre famille émiratie de 6 enfants, dont le père a contribué de manière conséquente au développement de la ville de Dubaï. Passionné par la mode et fondateur de House of GlaMo (une marque de Tee Shirts aux légendes humoristiques), sultan Mohammed Al Habtoor s’identifie à un trendsetterdont l’approche de la vie est autant humaniste qu’audacieuse. Déjà durant son enfance, attiré par l’art il s’exprimait notamment par la peinture -les murs et les meubles de sa maison s'en souviennent encore ! - Très impliqué dans le développement culturel de Dubaï, il a toujours cherché à créer une passerelle culturelle entre les pays des EAU et de l’Europe, en particulier la France. Actuellement, il prête également son image à sa marque préférée de montres : Jaeger Lecoultre.
Entretien avec Luxe Magazine.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre personnalité et votre parcours ?

Je suis issu d’une famille de 6 enfants, dont je suis l’aîné. J’ai eu la chance de grandir au sein d’un cadre aimant, avec un père très protecteur, mais avec 6 frères et sœurs il est plus difficile de trouver sa place.
Ma mère m’a appris le bonheur, à garder le sourire en toute circonstance et à ouvrir mon cœur aux autres. J’ai eu la chance d’étudier dans des collèges à l’étranger et notamment au King ‘s Collège, puis j’ai poursuivi par des études de marketing.
Initialement formaté pour devenir dentiste, avocat ou ingénieur, j’ai bifurqué pour vivre ma propre expérience ! C’est pourquoi j’ai voulu me démarquer de ma famille, assumer mon indépendance, (je suis parti de chez moi à 18 ans) et apporter une plus-value à l’existence dorée que je menais en prouvant que j’étais capable de réussir par moi-même.


Vous êtes perçu comme un « trendsetter » qui lance les modes avec un sens aigü du style, notamment avec  House of GlaMo. Que représente la mode à vos yeux ?

J’ai en effet lancé House of GlaMo en 2009, en réponse à une controverse sur twitter et une mauvaise image de Dubaï.
Face à une propagande négative de notre ville, j’ai souhaité contre attaquer d’une manière humoristique en créant un tee shirt sur lequel était gravé « NO CASH NO OIL WHO CARES ? I LOVE DUBAI » !
Ces tee shirts sont en fait une réponse basée sur l’humour et le dialogue.Une autre façon de dédramatiser ce qui se passe dans le monde.
La mode permet de dépasser les problèmes et d’apporter une certaine légèreté dans le monde.

Peut-on trouver House of Glamo ailleurs qu’à DubaÏ ?

Oui, bien entendu. Nous sommes à New York, Londres, Paris, Suède, en Afrique du Sud
Mon associé a même démarré une collection femme.

Quels sont vos couturiers préférés ?

Entre autres, YSL, qui cumule l’élégance, l’esprit contemporain, du génie et un esprit ouvert.

Vous aimez la peinture et vous êtes vous-même peintre. Comment définissez-vous votre style ?

Oui j’ai toujours aimé peindre, je tiens cela de mon père, un grand collectionneur.
Mon style ressemble au Pop Art contemporain. Je puise mon inspiration dans une déclinaison de « smileys », avec des couleurs flashy, vives.
Je suis également influencé par Andy Warhol, Sara Rahbar, une artiste contemporaine des EAU ou Mona Hatoum, une palestinienne née au Liban, vivant depuis 1975 au Royaume-Uni.
Leur dialogue culturel, traditionnel et controversé, m’oblige à réfléchir et à me remettre en question.

Que pensez-vous d’Internet et de ses nouveaux réseaux sociaux ? Sont-ils très implantés à DubaÏ ?

J’adore Internet et les possibilités que ces nouvelles technologies nous offrent.
Avec Twitter ou Facebook, les réponses sont immédiates, instantanées et faciles.
Par exemple, avec Twitter, j’ai plus de "suiveurs" que Jaeger Lecoultre !
Internet est un nouveau monde , un espace de jeu et de communication mondiale qui dépasse les frontières et nous permet d’être connectés 24 heures sur 24.
A Dubaï, nous utilisons très facilement ces réseaux sociaux qui nous permettent d’échanger instantanément et de nous tenir au courant dans la seconde !

Quels sont vos objectifs ?

Je souhaite d’une part participer à l’élan culturel de mon pays et d’autre part, lancer d’ici un an ou deux une chaîne de « boutique hôtels », avec un cercle d’amis. Des hôtels représentatifs de l’esprit de Dubaï.
Et pourquoi pas créer une montre avec Jaeger Lecoultre !

Pourquoi cette alliance avec Jaeger Lecoultre ?

C’est une alliance d’amour ! Cette marque a toujours été présente durant mon enfance, par mon père qui portait entre autres, des Jaeger Lecoultre.
Elle conjugue modernité, tradition et esprit contemporain tout en étant chic.
Son aspect polyvalent avec un cadran réversible, qui découle du Jeu de polo qu’affectionnaient les officiers britanniques basés en Inde dans les années 30, me correspond.
L’arabe moderne que je suis, est en phase avec la philosophie de Jaeger Lecoultre.

Quelle est votre définition du luxe ?

Le luxe c’est l’élégance, la rareté.

Votre comble du luxe ?

Un lit confortable, et avoir mon nom dans l’histoire.

Le luxe dont vous ne sauriez vous passer ?

Une montre.
Je veux pouvoir contrôler mon propre temps !


Septembre 2011
Par Katya PELLEGRINO