Portraits


Le Meurice : le Génie français de l’Art de Vivre vu par Franka Holtmann, Directeur Général


Face au Jardin des Tuileries, Le Meurice - appartenant à la Dorchester Collection - pare ses façades de souvenirs. Premier palace en 1835, il raconte presque deux cents ans d’histoire et a vu défiler dans ses murs, aussi bien le roi Alphonse XIII, le Prince de Galles ou le Shah perse, que les Rockfeller, le président Roosevelt ou, dans les années 50, le génie de l’auto-publicité Salvador Dali. Depuis 4 ans, grâce aux propriétaires (Sultan de Brunei) et sous l’impulsion de son directeur général, Franka Holtmann, de Philippe Starck et de Yannick Alléno le chef, Le Meurice a retrouvé son éclat et son faste d’antan.

L’objectif, jouer la carte française tout en respectant l’héritage et le patrimoine de l’hôtel. Des travaux de rénovation et de restauration ont permis d’ériger l’art de vivre français du Meurice au rang des Beaux-Arts, cet hôtel n’ayant cessé de tisser, au fil des siècles, des liens privilégies et intimes avec les artistes ou les écrivains* ! Un palace intemporel, sans diktat de mode, devenu l’incarnation du glamour et de l’humour, du passé et du présent, avec élégance et savoir-faire. Pour Franka Holtmann, directrice générale de l’hôtel Le Meurice à Paris, l’élégance est le maitre-mot d’un palace. Elle en est d’ailleurs l’ambassadrice. Cheveux blonds, yeux bleus laser dans un visage souriant et affable, silhouette féminine, démarche dynamique et volontaire, elle est l'une des rares femmes à la tête d’un palace, dirigeant « sa maison » d’une main de fer dans un gant de velours. Professionnelle jusqu’au bout des ongles, sa connaissance des Palaces ne date pas d’hier. Elle a côtoyé les plus grands, du Ritz au Plaza Athénée en passant par le Crillon pour arriver en juin 2006 au Meurice. Elle nous parle avec passion de son établissement.
Entretien.

La crise a-t-elle modifié le comportement de votre clientèle ?

Il faut garder en mémoire que Le Meurice, avait, il y a 4 ans, un problème de notoriété, attirant très peu de clientèle individuelle. Ce fut l’un de mes objectifs premiers lorsque j’ai pris la direction générale.
Il a fallu travailler sur tous les fronts et transformer ce palace un peu triste en palace glamour, offrant des touches d’humour sans devenir un palace tendance, ce qui ne correspond pas à son histoire. Je ne voulais pas non plus créer un « mono profil ».
C’est pourquoi j’ai fait appel à Philippe et Ara Starck pour me transformer le hall en lui apportant de l’animation et du chic tout en se référant à l’histoire. C’est ainsi qu’est né Le Dali ! Maintenant, notre clientèle est un mélange harmonieux de banquiers, de gens de la mode, de la finance ou de la presse.
Dans un sens, la crise me fut bénéfique. Elle m’a permis d’atteindre une clientèle directe, de lui proposer des tarifs attractifs et plus souples (dus à la rénovation d’une partie des chambres à cette époque) et de la fidéliser.
Elle a ainsi redécouvert Le Meurice, Yannick Alléno, Le Dali, le bar 228, et les chambres rénovées.

La crise vous a-t-elle amenée à adapter votre politique de commercialisation ?

Nous avons joué sur les valeurs ajoutées et travaillé sur des thèmes que nous avons proposés à notre clientèle, comme un séjour incluant des soins, une sortie culturelle…
Il faut comprendre qu’une clientèle de palace, en période de crise, aime maîtriser ses coûts et le prix de son séjour. En lui proposant des « offres à thème », il est rassuré.
Nous avons donc joué en finesse, adaptant le produit au tarif, le temps de la crise, soit sur une période très courte, située entre décembre 2008 et février 2009.

Comment vous différenciez-vous face à vos concurrents ?

Nous avons mis le zoom sur la localisation, face au Jardin des Tuileries, à 5 mn du Louvre et à un jet de pierre de la Place Vendôme. Le client peut ainsi se déplacer à pied.
J’ai voulu un hôtel intemporel, et j'ai montré qu’un Palace est convivial, sans diktat de code ou de mode, en l’axant sur l’art et la culture.
Ainsi Le Dali offre un concept de restauration ludique. Notre chef, Yannick Alléno, très flexible et talentueux, à créé une carte qui s’adapte aux envies des clients. Des plats légers pour la ligne, aux plus consistants pour les gourmands.
Ce restaurant, conçu par Starck, respecte l’héritage du Meurice, créant une passerelle avec le passé (Dali était au Meurice dans les années 50 à 80, orchestrant des soirées mémorables.)

Quel est votre positionnement ?

Nous sommes un palace de luxe ancré dans la modernité, privilégiant une clientèle individuelle.
Avec nos nouvelles suites, notre spa siglé Valmont, notre cour intérieure, notre bar cosy et notre restaurant Le Dali, nous espérons fidéliser notre clientèle.

Quels sont vos points forts ?

Tout d’abord l’emplacement face au Jardin des Tuileries. Le lieu, pour un palace, est fondamental.
Puis le confort de nos chambres et de nos salles de bain spacieuses, lumineuses, avec 2 lavabos, et bien souvent des fenêtres donnant sur une vue typique de Paris.
En rénovant nos chambres et suites, nous avons porté une attention particulière aux éclairages, au choix des tissus, conservant toujours le style XVIIIème .
Souhaitant choyer notre clientèle féminine, nous développons pour elle des offres et des attentions, comme une trousse à maquillage avec les derniers produits de maquillage des marques.
Nous sommes très vigilants à ne pas basculer dans la « standardisation » et avons créé une ambiance olfactive, musicale, pour apporter une touche glamour et unique.

Comment vous préparez vous face à l’arrivée des 4 Flagships (Mandarin Oriental, Péninsula, Shangrila et Raffles) ?

Même pendant la crise nous avons continué à investir, grâce à des propriétaires qui nous font confiance (Sultan de Brunei).
Nous avons refait entièrement la cuisine, l’équipant des dernières nouveautés technologiques, afin de créer un espace confortable et fonctionnel pour notre équipe et les valoriser. Depuis deux ans, les chambres ont toutes été refaites, en tenant compte de nos anciens clients. Nous recrutons du personnel étranger, qui peut s’adapter à une clientèle étrangère. Enfin, nous jouons la carte française, apportant notre « French Touch » qui je pense est inimitable et que nos clients recherchent en venant à Paris.
Bien entendu, tous les nouveaux hôtels sont dangereux et sur le marché asiatique ces enseignes sont une référence. Ils ont donc un avantage sur nous.
Comme je ne suis pas d’une nature peureuse, je vais faire en sorte de conserver mes clients en les « chouchoutant » encore plus.
La seule règle valable dans l’hôtellerie reste de ne jamais imiter son concurrent. Il faut simplement savoir exprimer son savoir-faire pour se distinguer encore plus. Il y a de la place pour tout le monde, car nous sommes la première métropole dans le monde !

Quel est, de votre point de vue, la tendance du luxe dans les palaces et comment voyez-vous l’évolution du luxe dans votre palace ?

La tendance sera le « pampering ». Savoir encore plus s’occuper de ses clients, être à leur écoute en décryptant leurs besoins et en leur apportant un service personnalisé et haut de gamme.
Il faut une communication plus fluide à l’interne et gagner en rapidité de décision et d’exécution.
Le client n’est plus près à payer n’importe quoi, il doit donc avoir le choix du meilleur service au meilleur prix, d’où un rapport juste et équilibré entre qualité et tarif.
Ainsi dans notre restaurant, Yannick Alléno propose également un menu « terroir » à 80 €, qui reste accessible pour ceux qui ne veulent pas dépenser plus.

Juin 2010
Un hôtel de légende assoupi, qui s’est réveillé sous la baguette magique de Franka Holtmann, son directeur général. Contemporain et en osmose avec les tendances du luxe actuel, sans être cérémonieux ou guindé, ce palace attire une clientèle cosmopolite qui séduit les parisiens et les étrangers. On s’y sent bien, aussi à l’aise pour boire un verre que pour un déjeuner sur le pouce qui réjouit toutes les femmes soucieuses de conserver leur silhouette ou pour un dîner gastronomique, sous la houlette de son chef, Yannick Alléno.
De surcroît un emplacement stratégique, face au Jardin des Tuileries pour une balade ou un jogging, ou pour un shopping Place Vendôme ou Rue du Faubourg Saint Honoré.
Le déjeuner au restaurant Dali, avec son concept culinaire autour d’une carte SANS et 100%, permet d’assouvir sa faim sans culpabilité, dans une atmosphère informelle et décontractée, avec un service rapide. Appréciable le midi !
Cerise sur le gâteau, le Prix de l’Art contemporain a été créé en 2008, Le Meurice ayant toujours été ancré dans l’Art et la Culture.


Mon coup de cœur : la suite 501, au 5ème étage, dominant le Jardin des Tuileries, avec une très jolie vue. Ses tons gris pâle sont très apaisants et son canapé en corbeille dès l’entrée invite à se poser après une journée trépidante.
Le Meurice (160 chambres dont 40 suites)

228 rue de Rivoli
75001 Paris
T° : +33 (1) 44 58 10 10
www.lemeurice.com

Tarif : de 640 € à 1650 € en junior suite executive
Suite de 1700 à 3600 €

* L’Hôtel Le Meurice abrita l’un des derniers salons littéraires de Paris. Florence Gould, milliardaire et mécène franco-américaine, organisait des déjeuners littéraires avec des personnalités aussi contrastées que Roger Peyrefitte, Arletty et François Mauriac, Léautaud et Paul Morand, les Jouhandeau ou André Gide et le jeune Roger Nimier.


Crédit Photo : Peter Hebeisen