Portraits


Le Bristol : un palace discret et de bon ton vu par Didier Le Calvez, Directeur Général


Depuis 35 ans dans le métier, dont 18 ans dans le groupe Four Seasons, manager du Plaza à New York, en charge de la direction Générale du Pierre à New York et du Regent à Singapour, Didier Le Calvez est l’homme qui avait redonné ses lettres de noblesse au Four Seasons George V, dit « Le George » comme il le nomme lui-même. Une figure de l’hôtellerie qui a reçu en 2006 la reconnaissance de ses pairs en étant élu « meilleur directeur d’hôtel du monde » par les Hospitality Awards. Aujourd’hui, serein, en paix avec lui-même, il a pris les rênes d’une vénérable maison, Le Bristol *, à la suite de monsieur Pierre Ferchaud, ancien directeur général de l’établissement.

Celui-ci avait hissé l’hôtel à la première place (désigné en 2008 comme «Meilleur hôtel du Monde » par l’Institutional Investor Magazine). Un palace très bien situé dans le Faubourg Saint Honoré, créé en 1925 par Hyppolite Jammet, et baptisé « Bristol » en hommage à un grand voyageur, le Comte de Bristol. Aujourd’hui, aux mains d’une même famille allemande depuis 1978, Oetker, celle-ci perpétue des valeurs imperméables aux tendances et aux modes éphémères. Didier Le Calvez a carte blanche pour le faire évoluer doucement dans la modernité, avec élégance et raffinement, sous le regard attentif de la famille, très impliquée au quotidien. Ce palace a d’ailleurs récemment ouvert une nouvelle page de son histoire en s’enrichissant d’une nouvelle aile, l’Aile Matignon, - un immeuble acquis en 1989 - sous le regard et sous la direction de Maja Oetker. L’aile réalisée dans les règles de l’art, se déploie aujourd’hui sur 3250 m², offrant un luxe à la française, intemporel et reflet de l’art de vivre du palace. Un nouveau restaurant, le 114 Faubourg, a également vu le jour l’année dernière, sous la houlette de Eric Desbordes, son chef. Ce n’est que le début de changements que Didier Le Calvez va prendre en main, un véritable challenge en osmose avec les valeurs familiales du groupe. Entretien.


La crise a-t-elle modifié le comportement de votre clientèle ?

Ce qui à mon avis a affecté le plus notre clientèle parisienne, ce fut la hausse de l’euro, notamment pour nos clients américains. N’oublions pas que nous sommes, en tant que palaces, sur un petit segment ne représentant que 800 chambres environ. Bien entendu, certains ont un peu plus souffert que d’autres et ont dû offrir des remises, ce qui n’a absolument pas été le cas du Bristol.

La crise vous a-t-elle amené à modifier votre politique commerciale ?

Nous n’avons en aucun cas baissé les prix, contrairement à d’autres palaces. Par contre, en période de crise, il faut pouvoir proposer des packages, des offres qui incluent différents services pour permettre au client d’appréhender ses dépenses et le fidéliser, mais en aucun cas offrir une remise.
Mon expérience au Four Seasons, m’a appris que tout bon propriétaire doit sans cesse se focaliser sur son produit, le rénover, et ceci est d’autant plus vrai en période difficile. Notre objectif principal reste donc d’améliorer constamment nos prestations de service. Nous avons, par exemple, refait 80 chambres à neuf, ré-ouvert la Résidence et ouvert l’Aile Matignon en septembre 2009.

Comment vous différenciez-vous face à vos concurrents ?

Le Bristol ne cède à aucune mode et garde une continuité de vision dans le style de l’hôtel. Ce qui représente une force pour l’établissement.
Ce qui, je pense, séduit également notre clientèle qui retrouve ses marques sans être confrontée à des bouleversements esthétiques.

Quel est votre positionnement ?

Le Bristol est l’un des rares palaces à bénéficier d’une belle piscine, d’un jardin, d’un spa et de nombreux balcons sur le jardin et ce, au cœur de la ville. Nous avons une carte à jouer, qui est celle de la quintessence du luxe à « la française ». Offrir à nos clients un lieu qui soit une vraie villégiature. Notre atout : être au cœur de la ville avec un jardin, tout en offrant un lieu paisible et discret dans l’hôtel.
L’entrée d’un palace est importante à mes yeux et à celle de mes clients. Le Bristol bénéficie d’un emplacement stratégique, comme certains autres palaces. Au centre du Faubourg Saint Honoré - donc de la mode - et à un jet de pierre du Pouvoir (Elysée), tout en étant très préservé, dès le pas de la porte franchi.

Quels sont vos points forts ?

Bénéficiant d’un jardin, nous avons nombre de nos chambres qui ont vue sur celui-ci, bénéficiant d’un bel ensoleillement, de luminosité et de quiétude. Les salles de bain, sont de véritables pièces de bien-être, spacieuses et confortables. Notre personnel est d’un grand professionnalisme et reste d’une discrétion absolue.
Les propriétaires montrant beaucoup de respect pour celui-ci, nous avons la chance d’avoir un personnel fiable et fidèle, depuis de nombreuses années, ce qui est aussi un gage de qualité pour notre clientèle.
Comme nous avons des hôtes prestigieux et très connus qui viennent régulièrement chez nous, vu la proximité avec l'Elysée, nous sommes très vigilants et soucieux du désir d’anonymat ou de discrétion de la part de nos hôtes.

Comment vous préparez-vous face à l’arrivée des quatre groupes hôteliers asiatiques (Shangrila, Peninsula, Mandarin Oriental et Raffles) ?

La venue de ces palaces va nous booster et nous remettre en question. A nous de redéfinir notre service à la française, une vraie différence face aux autres palaces étrangers. Nous avions la réputation d’être un peu « snobs » et  arrogants, à nous de prouver qu’il n’en est rien. Nous avons toujours bien accueilli le client « star », maintenant le client régulier bénéficie du même service et du même accueil, ce qui est fondamental.
Il nous reste à affiner notre comportement, à revoir notre service pour accéder à l’excellence, qui fait partie du « patrimoine français ». Par ailleurs, nous retravaillons sur nos chambres, sur les produits, sur le spa.
D’ici deux ans, Le Bristol étonnera ! (sourire)

Quel est de votre point de vue, la tendance du luxe dans les palaces et comment voyez-vous l’évolution du luxe dans votre palace ?

Le luxe a une valeur intemporelle, rassurante, ce qui explique que dans 10 ans, il sera toujours présent. On peut rester sur des valeurs fondamentales et très bien réussir. Bien entendu, la notion de service a déjà évolué depuis 30 ans. Le service obséquieux, compassé, n’a plus lieu d’être, et a fait place à un service affable, gentil, souriant. Il y aura certainement d’autres changements dans les palaces, mais avec des critères qui eux seront les mêmes.
Par exemple, je définis le luxe par l’espace, la notion de discrétion, de confidentialité, qui est fondamentale à mes yeux et perdurera.




Juin 2010
Par Katya PELLEGRINO
Le plus célèbre des palaces parisiens, désigné en 2008 Meilleur Hôtel du Monde*, Meilleur Hôtel d’Europe, Meilleur Hôtel Romantique de Luxe et Meilleur Restaurant d’Hôtel en Europe, conforte ainsi sa réputation exceptionnelle dans l’univers de l’hôtellerie de luxe.
Cet hôtel très bien situé dans le Faubourg Saint Honoré dégage une atmosphère apaisante, à l’abri des trépidations, dès le pas de la porte franchi, où ici plus qu’ailleurs l’essentiel fait sens.
L’excellence de son restaurant avec aux commandes Eric Frechon n’est plus à démontrer, il s’est hissé au firmament en mars 2009, rejoignant quelques autres stars, avec sa troisième étoile.
Son nouveau restaurant, le 114 Faubourg, a le mérite de proposer une alternative au restaurant gastronomique, dans un décor plus contemporain, gai et lumineux, grâce aux nombreux dahlias de couleur, apposés un peu partout sur les murs orange.
Très bonne idée de proposer de véritables grillades !
Quant à sa superbe piscine, elle se déploie au 6ème étage, évoquant l’avant d’un voilier et offrant une vue unique sur les toits de Paris.

Mon coup de cœur :
la suite Paris (200 m²) : ceinturée par un large balcon, elle baigne dans la lumière, et ses tons jaune, turquoise et rouge sont d’une grande gaieté. Deux chambres la composent, ainsi qu’un salon-salle à manger et un véritable hammam.
Le plus : sa petite terrasse qui plonge sur une cour intérieure.

Le Bristol (187 chambres)
112 rue du faubourg Saint-honoré
75008 Paris
T° : +33 (0)1 53 43 43 00
www.lebristolparis.com

Tarif : chambre à partir de 770 €
Junior suite à partir de 1100 €

* En 2008, l’Hôtel Le Bristol a été désigné meilleur hôtel d’Europe (World Travel Awards) meilleur hôtel romantique de luxe (World Luxury Hotels Awards), meilleur restaurant d’hôtel en Europe, (Prix Villégiature).